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« GARDER UN BUDGET ÉQUIVALENT »

Enquête | publié le : 03.06.2014 | L. G.

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« GARDER UN BUDGET ÉQUIVALENT »

Crédit photo L. G.

La disparition de l’obligation fiscale liée au plan de formation pour les entreprises de plus de 300 salariés oblige à optimiser les actions de formation, selon la responsable formation de Havas Média.

E & C : Êtes-vous satisfaite de pouvoir gérer le plan sans référence à des notions d’imputabilité ?

C. F. : Le Code du travail prévoit que l’employeur adapte ses salariés à leur poste, et, en cela, nous ne modifions pas notre vision. Cela nous permettra sans doute de bâtir des parcours de formation en lien étroit avec les compétences requises sur les différents métiers de la branche de la publicité et de certifier certains de nos parcours professionnels, qui seront mobilisables dans chacun des dispositifs de formation, qu’ils soient plan de formation ou CPF.

E. & C : La fin du 0,9 %, qui peut handicaper votre capacité d’abondement de l’entreprise sur le CPF, vous inquiète-t-elle ?

C. F. : Avec la disparition de l’obligation fiscale liée au plan de formation pour les entreprises de plus de 300 salariés, notre profession, tournée vers la prestation de service et le consulting, devra désormais optimiser les actions de formation, bâtir des parcours ciblés qui permettront à tous de progresser, d’évoluer mais aussi de pouvoir accompagner certaines mutations des métiers. Notre responsabilité sera aussi d’accompagner les accords de branches par des accords triennaux et des avenants aux accords de GPEC : cela permettra de rendre plus claire et lisible notre offre de formation pour nos collaborateurs et pour nos IRP. La gestion des besoins en lien avec les budgets se trouvera encore renforcée.

E. & C : Ne craignez-vous pas cependant de ne plus pouvoir consommer des fonds mutualisés ?

C. F. : C’est effectivement une question que nous nous posons en ce moment, même au sein de la branche de la publicité, et sur laquelle nous engageons un dialogue avec notre Opca. Nous réfléchissons également au sein du groupe à la manière de conserver en interne un budget de formation au moins équivalent à nos dépenses actuelles, soit 1,6 % de la masse salariale. Le développement des compétences est vital pour nos métiers. Il est impensable de tout renvoyer vers le CPF. La contribution des entreprises ayant été portée à 1%, nous allons proposer à notre secrétariat général de maintenir 0,6 % de dépenses en plus. Le 1 % serait versé à l’Afdas et le 0,6 % serait géré en interne par le groupe pour des dépenses directes. Mais cette discussion ne fait que démarrer…

E. & C : Au final, cette réforme vous laisse-t-elle globalement optimiste ou pessimiste ?

C. F. : Optimiste sur le lien fort entre formation et GPEC. Cette réforme de fond remet en question le marketing de la forma­tion fait par chaque entreprise, mais remet aussi la formation au cœur des parcours professionnels de nos collaborateurs comme éléments de motiva-tion, d’évolution et de fidélisation.

Sylvain Martinet, responsable formation de TNT Express France
Catherine Sader, responsable formation de Jtekt

E. & C : La fin du 0,9 % vous inquiète-t-elle ?

S. M. : Non, au contraire. Cette réforme met fin à un système contre-productif.

C. S. : Je partage l’avis qui consiste à penser que la plupart des entreprises ne font pas de la formation uniquement pour remplir leur obligation. Les volumes de formation ne vont donc probablement pas disparaître totalement. Pour autant, les entreprises en difficulté économique vont probablement ajuster leurs budgets à la baisse certaines années.

E. & C : Êtes-vous satisfait de pouvoir gérer le plan sans notions d’imputabilité ?

S. M. : Oui, très satisfait. Nous allons enfin pourvoir nous concentrer sur l’essentiel de notre travail : le développement de compétences.

C. S. : Ce n’est pas un problème : depuis plusieurs années, la part imputable s’amenuisait sans que cela nous empêche de privilégier des formules plus souples, type modules courts, et sans que l’effort global de formation en pâtisse.

E. & C : Craignez-vous de ne plus pouvoir consommer des fonds mutualisés ?

S. M. : Cela dépendra des politiques décidées en interne. Une politique formation dynamique permettra toujours de récupérer des fonds mutualisés.

C. S. : Ce n’est pas le financement dont nous bénéficions le plus. Le nouveau 1 % de contribution ressemblera plus à une taxe « pure et dure » qu’à une contribution pour les grandes entreprises. C’est une des raisons qui me laisse dubitative sur la réelle économie de l’opération pour les structures de grande taille.

PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT POILLOT

Auteur

  • L. G.