L’impression de manquer de temps concer­ne à peu près tout le monde. Le progrès technique ayant considérablement accru la vitesse de nos déplacements, de nos communications et de nos tâches professionnelles et personnelles, nous devrions pourtant logiquement disposer de davantage de temps que les générations précédentes.

L’auteur, sociologue et philosophe allemand, propose de rendre compte de ce paradoxe en expliquant que la société s’étant sécularisée, l’idéal est aujourd’hui d’accumuler le plus possible d’expériences au cours de sa vie, alors que les nouveaux moyens de communication nous font découvrir toujours plus de facettes du monde.

Dans le même temps, une société toujours plus compétitive, fondée sur la performance davantage que sur la position sociale, oblige chacun à toujours courir pour ne pas se laisser distancer. C’est ainsi que, pris dans ce mouvement d’accélération général et constant, nous sommes obligés d’aller de plus en plus vite… pour simplement faire du surplace puisque tout le monde fait de même ! Avec le risque toujours présent de ne plus pouvoir rattraper les autres, pour peu que le chômage ou la maladie nous mettent un temps hors jeu. L’accélération est devenue, selon l’auteur, une force totalitaire en ce sens qu’elle est omniprésente et invasive, consubstantielle à la société moderne, qui aliène radicalement les individus dans leur capacité à s’approprier un monde qu’ils ne font que survoler. Conséquence : pour compenser ce vide, les individus tendent à consommer de manière effrénée. Le serpent se mord la queue !

Aliénation et accélération

Hartmut Rosa, La Découverte, 156 pages, 9 euros.