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Enquête

UN CAP DIFFICILE À TENIR

Enquête | publié le : 27.05.2014 | ROZENN LE SAINT

Depuis 2011, le bailleur social diagnostique, poste par poste, la pénibilité à laquelle sont exposés ses salariés. Mais il estime qu’il ne sera pas prêt à temps pour mettre en place le compte pénibilité.

Polylogis avait pourtant pris de l’avance. Sur ses 1 200 salariés, 800 exercent principalement le métier de concierge et sont soumis à des facteurs de pénibilité comme la manutention manuelle de charges ou les postures pénibles. Depuis 2011, le bailleur social diagnostique, poste par poste, en présence du salarié concerné, de son manager et d’un représentant du CHSCT, la pénibilité à laquelle il est exposé. Une opération qui prend en tout deux heures par personne. Tous les postes identifiés auront été passés au crible ce mois-ci. Il aura fallu trois ans de travail.

Mais, en fonction des seuils du nouveau compte pénibilité qui seront définis par décret, il faudra tout recommencer. « Nos diagnostics sont individuels et réalisés dans une optique de réduction de la pénibilité. Cela passe par l’achat de tracteurs ou la multiplication des points d’eau pour éviter le port de charges lourdes », illustre Didier Poussou, DRH du groupe Polylogis, qui voit se substituer à cette démarche une logique comptable : « Nous devrons mesurer la fréquence et la durée des temps d’exposition aux facteurs de pénibilité, en ne tenant pas compte de la dimension prévention », déplore-t-il.

Le DRH regrette que les efforts financiers des entreprises pour diminuer la pénibilité ne soient pas déductibles des éventuelles cotisations supplémentaires induites par le compte, sur le principe de la contribution Agefiph. Car Polylogis a déjà investi 400 000 euros pour la prévention entre 2012 et 2013. Entre la cotisation de base pour le financement du compte pénibilité (fixé à 0,2 % de la masse salariale) et la cotisation additionnelle que l’entreprise devra débourser pour ses 800 salariés exposés, la facture totale risque d’être salée.

Une mesure mensuelle chronophage

Par ailleurs, la mesure mensuelle de l’exposition aux facteurs de pénibilité, telle qu’elle a été proposée dans la première ébauche du compte par Michel de Virville (lire l’encadré p. 22), semble trop chronophage au DRH, qui se satisferait d’une mesure annuelle, voire bisannuelle. Car en ce qui concerne Polylogis, « elle doit être individuelle, et non pas réalisée par métier. Un concierge qui travaille dans un immeuble avec davantage de vitres aura davantage de mouvements répétitifs à réaliser », remarque Didier Poussou.

Les comptes personnels devant être opérationnels au 1er janvier 2015, il sera difficile de tenir les délais, estime-t-il. Pour établir ses diagnostics, Polylogis a réalisé, avec la branche des Entreprises sociales pour l’habitat, un petit tableur Excel destiné à faciliter le recueil de données, qu’il faudra, du coup, modifier.

En outre, « nous allons devoir expliquer aux collaborateurs et au CHSCT pourquoi nous allons nous y prendre différemment. Nous n’aurons pas réalisé le travail nécessaire à l’établissement des comptes dans six mois, nous le débuterons tout juste ! Nous sommes déjà actifs sur le sujet, rappelle-t-il. Si nous voulons continuer de bien faire les choses, cela implique du temps pour expliquer et former ».

POLYLOGIS

• Activité : bailleur social.

• Effectif : 1 200 salariés.

• Chiffre d’affaires 2013 : 400 millions d’euros.

Auteur

  • ROZENN LE SAINT