Le compte pénibilité n’a pas fait tomber des nues Thibault Lamiaux, DRH de Lyreco : « Je sentais bien que nous allions devoir tenir compte de la réalité des métiers dits pénibles, sachant que certains actifs ne les exercent pas durant toute leur carrière. ». La santé au travail est d’ailleurs l’un des cinq axes stratégiques du distributeur de fournitures de bureau et d’équipements aux entreprises pour la période 2012-2014. Et elle le restera, à coup sûr, les années suivantes, estime-t-il.

Pour cette entreprise familiale qui compte 2 300 collaborateurs en France sur deux entités, cet objectif s’est concrétisé par le déploiement d’un plan en trois volets : prévention des risques, bien-être au travail et pénibilité. Laquelle s’inscrit, selon le DRH, dans le très long terme. « On rattache généralement cette notion à la séniorité. À tort, car c’est dès aujourd’hui qu’il faut prendre soin des plus jeunes collaborateurs », soutient-il.

Au sein de la filiale opérationnelle de Lyreco France (2 100 salariés), la pénibilité concerne essentiellement la population logistique, affectée à la préparation des commandes et à la livraison. « 44,5 % de nos collaborateurs – chiffre validé par le CHSCT – sont exposés à des facteurs de pénibilité », résume Thibault Lamiaux. Sous le seuil, donc, des 50 % prévu par la loi de novembre 2010 sur la réforme des retraites, au-delà duquel les entreprises doivent être couvertes par un accord ou un plan d’action de prévention de la pénibilité. Ce qui n’a pas empêché Lyreco de prendre les devants en commandant au cabinet Technologia, au second semestre 2012, un audit sur les fonctions de magasiniers et de chauffeurs-livreurs.

Une démarche que le fournisseur a engagée pour plusieurs raisons. « Nous étions arrivés à une période charnière, caractérisée par un allongement de la durée du travail et un accroissement du nombre de seniors dans l’entreprise », commente le DRH, qui dit avoir un turnover proche de zéro. « Nous avions également constaté une modification des comportements d’achats de nos clients, avec des commandes de plus en plus lourdes. Nous avons donc décidé d’élaborer un plan d’action, avec un objectif très simple : comment réduire la pénibilité de ces métiers et accompagner le vieillissement de nos collaborateurs. »

Une question à laquelle s’est attelé un groupe de travail, composé d’experts métier logistique, d’ingénieurs méthodes, de représentants des RH et du CHSCT, de salariés volontaires, managers ou non, et de consultants du cabinet. Leurs réflexions ont débouché sur 18 axes ciblés d’intervention, comme la réduction des vibrations des sièges des engins de manutention, en collaboration avec le fabricant. « Nous allons également proposer, comme cela se fait dans d’autres entreprises, des échauffements avant la prise de poste, une méthode qui a montré son efficacité en matière de prévention des risques sur la première heure d’activité et qui a des effets bénéfiques à long terme », soutient le DRH.

En pointe sur la prévention, l’entreprise confesse être en retard sur l’établissement des fiches de pénibilité, obligatoires, elles, pour chaque salarié exposé, depuis le 1^er janvier 2012, à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels. Thibault Lamiaux assume : « Il nous a semblé préférable de travailler d’abord sur le plan d’action que sur les fiches, et nous devrions de toute façon être prêts mi-juillet. » D’autant que Lyreco qui, jusque-là, utilisait un tableur pour son document unique, a profité de l’occasion pour s’équiper d’une solution informatique dédiée, sur la base « d’un cahier des charges purement ressources humaines », précise-t-il. L’entreprise a retenu la solution 1-One de Neuros (lire p. 22).

« Nous avons créé une cotation des risques – selon le nombre de salariés concernés, la fréquence d’exposition, etc. – pour prioriser nos actions, mais sous Excel, cela devenait une usine à gaz. Nous devions professionnaliser la démarche, car outre l’obligation d’avancer sur les fiches individuelles, nous avions besoin d’analyses statistiques sur les actions menées », explique-t-il. L’outil, en mode SaaS, permet une gestion dynamique du document unique, consultable en ligne par le CHSCT, et automatise la création des fiches pénibilité individuelles pour les salariés ayant occupé le même poste toute l’année, par exemple celui de magasinier – exposé à tel et tel risque répertoriés dans le document unique.

Lyreco est actuellement en train d’interfacer 1-One avec son SIRH, ce qui lui permettra, à terme, d’intégrer les absences et mouvements de personnels. De quoi lui permettre de digérer rapidement le nouveau compte pénibilité.

• Activité : distributeur de fournitures de bureau et d’équipements aux entreprises.

• Effectif : 2 300 collaborateurs en France, 9 000 dans le monde.

• Chiffre d’affaires 2013 : 499 millions d’euros.