Le 7 février dernier, Vallourec signait, avec la CFDT et la CFE-CGC, un accord relatif au contrat de génération. Le texte, qui concerne l’ensemble des entités françaises du groupe, soit 5 000 salariés, reprend, voire étend les mesures de l’accord senior signé en 2009 en faveur de l’embauche et du maintien de l’emploi de cette population. Et poursuit les objectifs de l’accord groupe sur la prévention de la pénibilité de décembre 2012, avec l’élaboration d’un programme de « gestion du capital santé » tout au long du parcours professionnel. Une réflexion sera également menée pour instaurer un suivi médical spécifique pour les salariés de plus de 50 ans.

Il faut dire que, dans l’Hexagone, ces derniers « représentent près de 40 % de nos collaborateurs. Les plus de 55 ans constituent, à eux seuls, plus de 20 % de l’effectif, dont la moyenne d’âge est de 43 ans, détaille Pierre Maisonneuve, DRH France du fabricant de tubes sans soudure. Nous avons des sites à feu continu. Beaucoup d’ouvriers ont fait des années de travail posté incluant des nuits, et se trouvent encore en équipes alternantes passé 55 ans. »

D’où l’instauration, en 2009, d’un congé de fin de carrière de 40 jours, exclusivement destiné aux salariés ayant effectué au moins quinze ans en travail posté, chez Vallourec ou non. Il peut être utilisé pour une cessation anticipée d’activité, après utilisation des congés éventuellement déposés sur le compte épargne-temps (CET), à la condition d’en informer l’entreprise six mois avant la date de départ effective (soit la date du taux plein moins l’ensemble des jours épargnés ou/et accordés).

Ce congé peut également servir à financer un temps partiel pendant les deux années précédant le départ à la retraite. L’accord intergénérationnel a amélioré la formule, en modulant le congé, porté à 50 jours pour 25 ans de travail posté, et à 60 jours pour 30 ans. « Nous sommes en phase avec la logique de la réforme des retraites et du compte pénibilité », commente Pierre Maisonneuve. Cette mesure sera d’ailleurs soluble dans la nouvelle loi, le texte stipulant que les nouvelles dispositions légales portant notamment sur la mise en œuvre d’un compte personnel de prévention de la pénibilité, « dès qu’elles seront applicables, se substitueront en totalité aux dispositions du présent accord ».

Mais Vallourec est allé un cran plus loin en créant, sur proposition de la CFE-CGC, des comptes annuels pénibilité spécifiques pour les salariés de plus de 50 ans en travail posté intégrant des nuits. Crédités annuellement de un à cinq jours, en fonction de l’âge (les plus de 54 ans ont le maximum), ils permettront aux intéressés de prendre du repos lorsqu’ils en ressentent le besoin. « À un moment de leur carrière, les salariés ont besoin de souffler, considère le DRH. Nous avons cherché un moyen simple pour gérer cette surfatigue. Distincts des CET, ces comptes se veulent non contraignants, mais incitatifs, et seront donc remis à zéro chaque année. » Les premiers seront alimentés en juin.

La validité de l’accord intergénérationnel de Vallourec prendra fin au 30 juin 2016. De quoi permettre la “soudure” avec le compte pénibilité officiel. Pour l’heure, l’entreprise travaille encore, comme tant d’autres, à l’établissement des fiches individuelles de pénibilité. Et attend surtout la fixation des seuils pour faire le point, tant sur le coût de la cotisation que sur la mise en œuvre opérationnelle du compte. « Nous avons déjà eu des échanges sur le sujet avec nos partenaires sociaux. L’intention est bonne, et nous prenons cette mesure comme une opportunité pour nos équipes et la dynamique de nos usines. Mais ce sera certainement compliqué à réaliser », conclut le DRH. Qui s’attend aussi à une grande explication de texte avec les salariés qui passeront sous les seuils.

• Activité : fabricant de solutions tubulaires pour les marchés de l’énergie.

• Effectif : 5 000 collaborateurs en France (24 000 dans le monde).

• Chiffre d’affaires 2013 : 5,6 milliards d’euros.