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Royaume-UniLE LANCASHIRE A ÉCONOMISÉ EN MISANT SUR SES SALARIÉS

Pratiques | International | publié le : 20.05.2014 | STÉPHANIE SALTI, GUILLAUME LE NAGARD

Depuis 2010, un plan d’engagement des salariés a permis à cette collectivité de faire face à la réduction des budgets et des effectifs.

L’arrivée au pouvoir du gouvernement Cameron en 2010 s’est traduite par une politique d’austérité drastique, à laquelle les entreprises du secteur public et les administrations locales ont dû participer. Certaines y ont fait face avec succès, à l’image du Lancashire county council (LCC).

En 2010, cette collectivité territoriale (comparable à un conseil régional en France), qui compte alors 30 000 agents, réalise que la restructuration des dépenses publiques se traduira par une réduction de ses coûts de 25 %. Son délégué général Phil Halsall décide de développer une approche singulière : plutôt qu’une démarche hiérarchique, il opte pour une pratique d’engagement des salariés, en leur expliquant sans détour les enjeux financiers de cette politique gouvernementale de réduction des coûts.

Tous les salariés, ainsi que les syndicats, sont alors invités à participer aux débats et à soumettre leurs idées. L’une des premières décisions issues de ces discussions a été de privilégier les départs volontaires au détriment des licenciements secs, ce qui n’a pas manqué de provoquer une inadéquation entre les compétences disponibles et les besoins du conseil. Mais le LCC a considéré que le soutien du moral des troupes prévalait sur ces inconvénients.

Formation des dirigeants au Lancashire Way

Sous le nom de Lancashire Way, cette transformation des pratiques s’est ensuite appuyée sur plusieurs éléments : sous la houlette du consultant John Oliver, ex-patron de Leyland Trucks, des ateliers ont été menés pour former les 500 plus grands dirigeants du conseil à ce concept. Un rapport sur l’engagement des salariés, commandé en 2008 par Lord Mandelson, alors secrétaire d’État au Commerce, et demeuré sous le nom de rapport MacLeod, a servi de support de formation. Un système d’évaluation des pairs, d’abord limité aux 500 plus hauts responsables, a ensuite été généralisé à l’ensemble de cette administration. Le LCC a également travaillé sur un corpus de nouvelles valeurs et de comportements attendus.

« Étant donné la complexité et la taille des opérations du LCC, il n’est pas surprenant que tout ne se soit pas passé comme prévu, écrit John Oliver dans une note. Le succès des opérations semble connecté à la façon dont certains membres de la direction se sont, ou non, emparés du process. »

L’initiative, qui se poursuit à l’heure actuelle, présente de bons résultats : le Lancashire county council a réalisé des économies de 220 millions de livres, soit bien plus que son objectif de 179 millions de livres. Autre mesure de réussite, la satisfaction des salariés : 91 % déclarent apprécier leur travail contre 68 % auparavant, tandis que le nombre de salariés présentant un taux d’absentéisme nul est passé de 40 % à 54 %. Et pourtant, les effectifs ont maigri de 5 000 en cinq ans. L’efficacité de la méthode est d’ailleurs relevée par l’association française Entreprise et Personnel dans une étude récente destinée à ses adhérents et rassemblant des monographies d’entreprises et de collectivités européennes sur le thème de la compétitivité. Elle a valu aussi au LCC un award décerné en 2013 par The MJ, un magazine du management des collectivités locales (<http://awards.themj.co.uk/>).

Néanmoins, certains des choix réalisés alors par le LCC apparaissent sujets à caution depuis le basculement en fin d’année dernière de sa majorité, les Tories cédant la place au Labour : l’externalisation de nombreux services, dont les RH, vers une société mixte avec l’opérateur BT, sous le nom de One Connect Limited (OCL), s’est avérée plus coûteuse que prévu et une bonne partie de ces services est réinternalisée, bien avant le terme du contrat en 2021. Elle semble en outre entachée d’irrégularités financières qui valent une enquête à l’ancien patron d’OCL, mais aussi à Phil Halsall. Enfin, le LCC vient d’annoncer un nouvel objectif de baisse des effectifs de 2 500 personnes d’ici à 2017, toujours dû aux restrictions budgétaires. Dans la mesure où les départs volontaires ont déjà été nombreux, et même si les premières demandes seront les plus primées, les syndicats craignent qu’il soit cette fois impossible d’éviter des licenciements.

Auteur

  • STÉPHANIE SALTI, GUILLAUME LE NAGARD