Après s’être longtemps désintéressés de l’Europe, nombre de Français semblent estimer aujourd’hui qu’ils ont été floués par elle et l’accusent de tous les maux. Certes, tous les critiques ne surfent pas sur la démagogie souverainiste, mais le scepticisme et la désespérance aidant, il y a fort à parier que les prochaines élections européennes se solderont par de forts taux d’abstention. Et pourtant ! Pour les auteurs, l’un historien, l’autre juriste, quel que soit son éloignement apparent, l’Europe, c’est nous. L’Europe de demain sera ce que nous déciderons qu’elle est, à la condition bien sûr d’en infléchir les orientations en votant. Car, s’il est vrai que l’Europe s’est construite selon une logique libérale quasiment depuis sa création, rien ne nous empêche d’en reprendre les rênes pour imposer l’Europe sociale et écologique que les travailleurs et les citoyens attendent.
Le problème pour les deux auteurs altermondialistes n’est même pas que l’Europe soit bureaucratique et en quelque sorte étrangère à chaque nation du simple fait qu’elle est multinationale, mais plutôt son incapacité à se hisser au niveau de l’intérêt général. Sur les 751 députés européens, seule une minorité vient à Strasbourg faire de la politique européenne, quand la grande majorité vient y défendre becs et ongles son pays, sa région contre les autres, voire l’intérêt des lobbies auxquels certains sont inféodés. À quand la défense d’un intérêt économique commun ? À quand un salaire minimum européen pour revenir enfin sur l’explosion des inégalités de ces dernières années ? Il est grand temps, selon les auteurs, de transformer l’Europe technocratique et oligarchique en une véritable Europe démocratique. Tout un programme !
L’Europe, c’est nous !
Édouard Gaudot et Benjamin Joyeux, Les Petits Matins, 144 pages, 12 euros.
