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Pacte de responsabilité : l’emploi attendra

Actualités | publié le : 20.05.2014 | EMMANUEL FRANCK

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Pacte de responsabilité : l’emploi attendra

Crédit photo EMMANUEL FRANCK

Peu de DRH prévoient que le pacte de responsabilité créera des emplois, selon notre baromètre Défis RH 2014 Entreprise & Carrières-ANDRH-Inergie. Ils ne croient pas non plus que la loi de sécurisation, votée il y a un an, permette d’en sauver.

Le pacte de responsabilité créera peut-être des emplois, mais plus tard. Interrogés par Inergie en exclusivité pour Entreprise & Carrières et l’ANDRH sur les effets des baisses de charges, les DRH ne s’embarrassent pas de « contreparties »*. La majorité d’entre eux (37 %) estime qu’à court terme, les baisses de charges patronales prévues dans le cadre du pacte ne produiront aucun changement significatif. Seuls 16 % pensent qu’elles permettront des créations d’emplois. « Les promoteurs du pacte espéraient sans doute mieux », admet Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH et DRH de Solvay.

À commencer par le gouvernement, qui prévoit que 200 000 emplois seront créés grâce aux 10 milliards d’euros d’allégements – sur les charges des salaires au niveau du smic et sur les cotisations familiales – inscrits dans son programme de stabilité adopté le 29 avril. « Les DRH ne croient pas que les allégements de charges créeront des emplois à court terme, même s’il leur manque encore des éléments, analyse Luc Vidal, le DG d’Inergie. Mais ils ne croient pas non plus que l’assouplissement du Code du travail prévu dans la loi de sécurisation de l’emploi permette d’en sauver. » (Lire ci-contre.)

« À Force ouvrière, nous ne sommes pas surpris par ce faible résultat, déclare Stéphane Lardy, en charge de l’emploi à FO, qui s’est opposée au pacte. Nous avons toujours considéré qu’il n’existait pas de lien direct entre baisse du coût du travail et création d’emploi, sauf à créer des trappes à bas salaire et à déqualification, comme cela est fait depuis plus de vingt ans. La problématique de la compétitivité en France porte sur la capacité de nos entreprises à investir et à développer la recherche et développement notamment. » « Si les entreprises qui prévoient d’embaucher le font vraiment, cela peut représenter des volumes importants », note toutefois Jean-Christophe Sciberras.

Combien ? Le Sénat essaye toujours de se faire une opinion en auditionnant actuellement des membres de l’exécutif sur « la réalité de l’impact sur l’emploi des exonérations de cotisations sociales accordées aux entreprises », dans le cadre d’une mission d’information ouverte en février.

Débats sur les contreparties

C’est également l’enjeu des négociations qui débutent dans les branches. Les partenaires sociaux qui ont signé le pacte début mars (CFDT, CFTC, Medef, CGPME, UPA) leur ont confié de fixer les contreparties aux baisses de charges, notamment en termes d’emploi. Mais les négociations démarrent péniblement, malgré les exhortations du ministre du Travail. « Le débat sur les contreparties est une bonne chose, estime Jean-Christophe Sciberras. Les baisses de charges étant consenties par la collectivité, il est normal que les entreprises expliquent ce qu’elles vont en faire. Car ce ne sont pas les branches qui embauchent; ces dernières vont maintenant se tourner vers les entreprises. »

Or que disent ces dernières ? Prudent, le Medef demande un complément d’informations. Après les annonces du gouvernement, il réclame maintenant du « concret ». Il attend que la baisse des charges et de la fiscalité soit précisée et intégrée dans le projet de loi de finances rectificative.

Les DRH interrogés par Inergie sont plus directs. Ils pensent que les économies réalisées par leurs entreprises serviront d’abord à investir (25 %), à mener une politique de rémunération plus attractive (25 %), à augmenter les marges (24 %) et, après seulement, à créer des emplois. Une petite minorité (7 %) prévoit que les entreprises en profiteront pour baisser les prix de leurs produits.

Effet décalé

Pour les DRH, qui sont au cœur de la gouvernance des entreprises, puisque les deux tiers siègent au comité de direction, la création d’emplois « à court terme » n’est donc pas l’arbitrage le plus probable des entreprises. Mais, à moyen terme, Jean-Christophe Sciberras pense que c’est possible. « L’affectation des économies à l’investissement, à une politique de rémunération attractive et à l’augmentation des marges a bien souvent un effet ultérieur sur l’emploi », analyse-t-il.

*Sondage réalisé entre le 24 mars et le 22 avril auprès de 216 DRH et RRH.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK