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Le transfert a été massif et sans heurts

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 29.04.2014 | NICOLAS LAGRANGE

En 2013, la fermeture de ST-Ericsson a conduit au repositionnement de 961 salariés au sein de STMicroelectronics. Un gros chantier, conduit en cinq mois, a permis d’évaluer les compétences et d’affecter les salariés sur de nouveaux projets, sans mobilité géographique.

Le 10 décembre 2012, STMicroelectronics (STMicro) décide de se retirer de ST-Ericsson, une filiale lourdement déficitaire, créée quatre ans plus tôt avec Ericsson et détenue à parité. Le 18 mars 2013, le Franco-Italien et le Suédois annoncent l’arrêt complet des activités de leur co-entreprise et la suppression de près de 1 500 postes dans le monde. Les deux groupes s’engagent à reprendre 2 700 salariés, dont près d’un millier – ingénieurs pour la plupart – travaillant dans l’Hexagone (Grenoble, Le Mans, Rennes) et qui doivent être réintégrés dans le giron de STMicro le 2 août suivant. Soit une hausse d’environ 9 % de l’effectif français du fabricant de semi-conducteurs.

Réaffectations

« Nous avons écarté tout plan de départs volontaires et toute mobilité géographique, souligne le DRH France du groupe, François Suquet. Moyennant des mobilités fonctionnelles décidées par la direction, en fonction des priorités stratégiques, nous avons garanti aux salariés qu’ils pourraient rester sur leur site et conserver leur qualification et leur salaire. » Désigné comme chef du projet réintégration, Patrick Duréault, le directeur du site de STMicro à Grenoble, joue un rôle clé. Cet ancien de ST-Ericsson gère les 1 700 salariés du site, tout près des locaux où évoluent les deux tiers des salariés de ST-Ericsson, le reste de l’effectif étant situé au Mans et à Rennes, où STMicro n’a pas d’implantation.

Par domaines de compétences

Parallèlement à l’information-consultation, les managers de ST-Ericsson recensent les grands blocs de compétences de chaque division, et ceux de STMicro identifient leurs principaux besoins stratégiques. Le Pdg, Carlo Bozzoti, arbitre les projets à privilégier et les équipes à renforcer, certaines compétences pointues de ST-Ericsson étant très demandées. Fin avril, la direction dispose d’une vue d’ensemble des réaffectations envisageables, non par individu, mais par grand domaine de compétences.

« En attendant un projet précis pour chacun des 961 salariés concernés et l’avis final du CCE, cette étude nous a permis d’affecter temporairement la quasi-totalité de l’effectif sur des missions pour STMicro, via des contrats de prestation de services », précise Patrice Mimenza, ex-DRH France de la co-entreprise et aujourd’hui DRH de l’ensemble du site de Grenoble.

Au fil des semaines, les managers de STMicro se déplacent sur les trois sites français de ST-Ericsson, dont les entités légales ont été rachetées par STMicro, pour présenter leurs projets et leurs attentes aux futurs collaborateurs. Après chaque réunion des instances, un flash info est envoyé aux salariés. « La direction a joué la transparence, assure Jean-Marc Sovignet, DSC CFE-CGC [principal syndicat à STMicro]. Il n’y a pas eu de communication dissonante entre elle et nous. Par ailleurs, les élus de ST-Ericsson étaient présents au CCE depuis la création d’une UES, ce qui a facilité les échanges et la diffusion de l’information. » Sur le site de Grenoble, des forums de discussion sont mis en place avec les managers et les RH dès la fin 2012. Objectif, selon Patrick Duréault : « Informer les salariés de ST-Ericsson en temps réel, répondre à leurs questions, éviter les rumeurs. Nous avons répété qu’aucune question n’était taboue et promis d’apporter des réponses, lorsque nous n’en avions pas sur-le-champ. »

À l’issue de la consultation des élus, les salariés reçoivent, début juillet, leur nouvelle affectation, très souvent dans le même domaine que les missions temporaires et sans changement de site. Une affectation effective le 2 août, moins de cinq mois après l’annonce du démantèlement de ST-Ericsson. Le plus souvent, ce sont des équipes entières qui intègrent un département de STMicro et planchent sur des projets partagés avec d’autres sites en France, voire à l’étranger. Hormis quelques reconversions, la plupart des salariés ne changent pas de métier, mais travaillent sur de nouveaux produits, avec souvent de nouveaux domaines de compétences. Le Mans, par exemple, passe de la téléphonie mobile à l’automobile et aux décodeurs, justifiant un plan de formation spécifique.

Kit d’intégration

« Les nouveaux venus ont bénéficié d’un kit d’intégration comprenant des informations sur STMicro et une communication du Pdg, détaille Patrice Mimenza, ainsi que des conférences de présentation via des ambassadeurs métiers et des réunions animées par les managers sur l’organisation de chaque service, les marchés et les produits. » Les statuts sociaux ont aussi été harmonisés : « Il y a eu des pertes et des gains, mais globalement, les salariés de ST-Ericsson ne sont pas perdants », estime le représentant CFE-CGC, qui dresse un bilan positif de cette réintégration massive, « même si certains ont pu perdre des responsabilités et dû faire le deuil de leur culture produit et de leur culture de site ».

« L’aspect culturel est le plus compliqué à gérer, admet le DRH France. Nous restons attentifs sur ce point. La communication et le processus d’intégration ont été jugés positivement, selon l’enquête de satisfaction effectuée en décembre dernier. Seuls une vingtaine de salariés ont demandé à changer d’affectation et très peu ont quitté la société. » « Un groupe de travail composé de volontaires continue de suivre l’intégration », ajoute Patrick Duréault. Et les forums d’échanges, jugés déterminants, ont été maintenus sur un rythme mensuel.

Auteur

  • NICOLAS LAGRANGE