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AllemagneBMW INSTAURE UN DROIT DES SALARIÉS À NE PAS ÊTRE JOIGNABLES

Pratiques | International | publié le : 29.04.2014 | MARION LEO

À l’instar d’autres groupes, BMW s’est doté d’un accord d’entreprise qui définit et encadre le temps de “travail mobile”. Les salariés peuvent désormais définir les horaires où ils sont injoignables.

Tablettes, smartphones : les nouveaux moyens de communication mobile permettent de travailler sans contrainte de lieu ni de temps. Mais ils obligent souvent les salariés à être joignables en permanence. Résultat : une explosion des heures supplémentaires non payées, une hausse du stress et des cas de burn-out. À l’instar de Deutsche Telekom, Daimler ou VolksWagen, BMW s’est fixé des règles pour lutter contre le “technostress”. Fin 2013, le constructeur automobile a signé avec son comité central d’entreprise un accord inédit, qui définit et encadre le temps de “travail mobile”, c’est-à-dire effectué hors des locaux de l’entreprise.

Séduire la génération Y

Dans un contexte de lutte accrue pour les meilleurs talents, BMW doit lui aussi renforcer son attractivité, selon la direction. Or la génération Y attache une grande importance à des horaires et des lieux de travail flexibles. « Dans le même temps, nous voulions fixer certaines limites, indique Jochen Frey, porte-parole de BMW en charge des RH. Personne ne doit croire qu’il doit être joignable en permanence. » Déjà en vigueur, l’accord s’applique aux 79 000 salariés allemands de BMW ; mais en pratique, il ne concerne que les salariés occupés à des tâches de bureau.

Il prévoit des modalités diverses : chaque salarié peut définir, en accord avec son supérieur et en fonction des besoins de son unité de travail, le volume du temps de “travail mobile” qu’il souhaite effectuer en dehors de l’entreprise, et déterminer le moment où il entend le faire. « Il choisit ainsi les temps où il est joignable et injoignable. Il peut par exemple assister un après-midi au match de foot de son fils l’esprit libre et travailler ensuite le soir sur sa tablette », explique le porte-parole, précisant que chaque unité doit fixer ses propres règles. « L’une d’elles autorise par exemple ses salariés à travailler de manière spontanée une à deux heures hors du bureau. Mais si l’un d’eux souhaite travailler une demi-journée chez lui, il doit recevoir l’aval de son supérieur. En cas de journée entière, il doit aussi en informer ses collègues. »

À chaque fois, le salarié signale au service du personnel via l’intranet de BMW ses heures de travail mobile. Ce système repose sur « la confiance », poursuit Jochen Frey, avant d’insister : « Il ne vise pas à augmenter la charge de travail. » Si toutefois le salarié effectue des heures supplémentaires, il peut désormais les affecter lui-même, toujours via l’intranet, à son compte épargne-temps. Selon Manfred Schoch, président du CE central de BMW, cette dernière mesure est décisive, car elle permet enfin de comptabiliser véritablement toutes les heures de travail effectuées en dehors du bureau. Autre mesure phare selon ce représentant des salariés : l’introduction d’un “droit à ne pas être joignable”. Et Jochen Frey de clarifier : « En précisant quand il est joignable en dehors du bureau, le salarié signale par défaut quand il n’est pas joignable, c’est-à-dire le reste du temps. »

Solution technique rigide

Volkswagen a lui aussi instauré un droit à ne pas être joignable, mais avec une autre formule. Fin 2011, VW a signé avec son CE central un accord d’entreprise qui rend impossible l’envoi d’e-mails sur les Blackberry professionnels des quelque 4 000 salariés non cadres payés selon l’accord collectif “maison” de VW, durant une plage horaire allant de 18 h 15 à 6 h 30. L’entreprise coupe ainsi ses serveurs une demi-heure après la fermeture des bureaux et les rallume une demi-heure avant leur réouverture. « Nous avons opté pour une solution technique rigide, qui permet de mieux protéger les salariés, explique Jörg Köther, le porte-parole du CE de VW. Désormais, les supérieurs n’auront plus à promettre de ne pas envoyer d’e-mails  : ils ne peuvent plus le faire. »

Auteur

  • MARION LEO