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États-UnisWEGMANS, DES SUPERMARCHÉS QUI NE GÈRENT PAS LES RH COMME LES AUTRES

Pratiques | International | publié le : 22.04.2014 | CAROLINE TALBOT

Une fois de plus, au début de cette année, la chaîne de supermarchés Wegmans Food Markets s’est inscrite en bonne place dans le palmarès du magazine Fortune, qui recense les 100 entreprises où il est le plus agréable de travailler. Un résultat qui tient à sa politique sociale et à son esprit de famille.

Les supermarchés Wegmans Food Markets sont un pilier du palmarès des 100 meilleu­res entreprises où il fait bon travailler aux États-Unis. Depuis dix-sept ans et sans discontinuer, Wegmans Food Markets s’inscrit dans ce classement annuel du magazine Fortune. Et cette année, la chaîne de 83 magasins a en plus été élue numéro un des supermarchés par les consommateurs, lecteurs du journal Consumer Reports. Un double couronnement, qui reflète la stratégie du groupe familial, fondé en 1916 par deux frères, John et Walter Wegman, à Rochester, dans l’État de New York. « Si les besoins de vos salariés sont satisfaits, ils vont à leur tour prendre soin de vos clients », résume Jo Natale, porte-parole de la maison.

De meilleurs salaires

Le patron, Daniel Wegman, petit-fils de l’un des créateurs du groupe, perpétue la singularité de Wegmans Food Markets par rapport à la concurrence. Lorsque le numéro un mondial WalMart ou encore les géants Kroger, Safeway, Target multiplient les petits emplois mal payés de caissières ou de vendeurs, Wegmans Food Markets se distingue par de meilleurs salaires que le marché et une couverture sociale généreuse. Selon Darrell Rigby, l’expert en commerce de la société de conseil Bain & Company, le coût du travail représente en moyenne 12 % du chiffre d’affaires dans l’industrie des supermarchés. Chez Wegmans, il est un cran plus haut à 17 %. Et, comme le supermarché s’adresse à un public aisé, amateur de produits bios, de fromages importés, de plats cuisinés, etc., l’éventail des qualifications s’élargit aux chefs cuisiniers, experts en vin, chefs de rayons spécialisés.

La direction du groupe tient à assurer correctement ses 43 564 employés. Leur bonne santé est primordiale. C’est ainsi que, depuis 2009, la vente des cigarettes est interdite dans les magasins, et des programmes pour arrêter de fumer sont offerts aux salariés et à leurs familles. De même, un jeu concours encourage la consommation quotidienne de cinq fruits et légumes. Autre particularité : le travail en famille. Daniel Wegman, qui a fait entrer dans l’affaire ses deux filles – dont Colleen, la présidente de la société –, y tient. Le groupe au chiffre d’affaires de 6,672 milliards de dollars n’a jamais réalisé de plan de licenciements. Le turn­over se réduit à 3,6 % par an. Les salariés n’ont de cesse d’y faire entrer leurs proches : un sur cinq a d’ailleurs un lien familial avec un collègue.

Bourses d’études

La formation et la promotion interne sont aussi essentielles. La chaîne de supermarchés est connue pour ses bourses d’études, offertes aux salariés à temps plein comme à temps partiel. Les temps pleins ont droit à 2 200 dollars par an pendant quatre ans, les temps partiels à 1 500 dollars par an. Depuis le début du programme, en 1984, 90 millions de dollars (plus de 65 millions d’euros) ont été distribués à 28 400 salariés. De quoi attirer les étudiants désireux de poursuivre leur formation tout en travaillant le soir ou le week-end dans les magasins ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La moitié des salariés ont moins de 25 ans. Et un certain nombre de ces jeunes, qui ont démarré sur le parking du supermarché ou derrière la caisse, se retrouvent plus tard gérants du magasin.

Wegmans ouvre 2 à 3 nouveaux magasins par an sur la côte Est des États-Unis, ce qui multiplie les occasions pour monter en grade, changer de rayon, apprendre un nouveau métier: 66 % des emplois sont pourvus par la promotion interne. Ainsi, lorsque Wegmans a construit un nouvel entrepôt, la direction a demandé à ses employés s’ils avaient envie de participer. Vingt et une semaines plus tard, une bonne vingtaine de caissières et de vendeurs avaient passé le permis poids lourds pour conduire les camions de Wegmans. L’esprit de famille a du bon.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT