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ALCOOL : TOLÉRANCE ZÉRO À AIR FRANCE

Pratiques | publié le : 22.04.2014 | SÉVERINE CHARON

Pour mieux prévenir le risque alcool, la compagnie aérienne a construit un programme s’appuyant sur l’information et la formation des collaborateurs et sur l’accompagnement des salariés en difficulté.

« Air France est d’une exigence absolue pour éliminer les risques pouvant mettre en cause la sécurité des vols et la sécurité au travail, affirme Alain Benlezar, responsable corporate qualité de vie au travail. L’alcool en milieu professionnel est un facteur de risques important, car il altère les fonctions cognitives et la vigilance des salariés. »

Logique, donc, que, depuis 2006, l’entreprise développe une politique spécifique de prévention des risques. La démarche s’articule en trois axes. Le premier repose sur la prévention et la pédagogie : élaboration d’un recueil de toutes les questions liées à l’alcool et d’un “kit manager” qui recense les situations devant alerter l’attention. Près de 1 000 des 8 000 managers d’Air France ont aussi suivi une formation d’une journée sur la prévention des risques liés à l’alcool. Parallèlement, l’alcool a été banni de l’entreprise, notamment dans les restaurants d’entreprise (celui de la présidence a été le premier à donner l’exemple).

Contrat d’engagement

Le deuxième axe consiste à proposer un accompagnement pour les salariés en difficulté face à l’alcool. Il vise notamment à leur proposer un “contrat d’engagement”, qui prévoit, en collaboration avec les RH et la médecine du travail, de fixer des objectifs progressifs afin que le salarié retrouve à terme une situation normale de travail. Dans ce contrat, le manager, le RRH et le médecin du travail s’engagent à un accompagnement personnalisé et à un soutien du salarié dans sa démarche. Enfin, le médecin du travail oriente le salarié vers des soins, en relation avec son médecin personnel. Dans tout le processus, les partenaires sociaux, CHSCT et CE (gestionnaires des restaurants d’entreprise) ont été impliqués dans les groupes de travail. « Deux ans après la demande expresse de notre Pdg en CCE, une charte de prévention des risques liés à l’alcool a été signée avec les partenaires sociaux en 2008, rappelle Alain Benlezar. Et c’est seulement deux ans plus tard que la politique de la “tolérance zéro” a été instituée pour tous avec des obligations spécifiques pour les salariés occupant un poste dit de sécurité. Pour l’imposer, il fallait modifier le règlement intérieur afin d’interdire toute consommation et circulation d’alcool, définir le “poste de sécurité” et y instituer des contrôles avec des sanctions possibles. »

L’entreprise compte 38 000 personnes réparties en trois populations (personnel navigant technique, personnel navigant commercial et personnel au sol), et de l’ordre de quatre postes sur cinq sont classifiés postes de sécurité – schématiquement, ceux où la sécurité individuelle ou collective peut être mise en danger. Pour eux, le taux d’alcoolémie doit être inférieur à 0,2 gramme par litre de sang. Il peut monter à 0,5 gramme par litre pour les autres postes.

Recours possible à un éthylomètre

« Avant, si des doutes existaient au sujet d’un salarié, celui-ci allait au service médical et pouvait éventuellement être raccompagné chez lui, mais il revenait le lendemain à son poste parfois “comme si de rien n’était”, rapporte Alain Benlezar. Dorénavant, le manager, sur la base de doutes sérieux, relève un salarié de son poste de travail dit « de sécurité » et peut recourir à l’éthylomètre pour déterminer son taux d’alcoolémie. Si le salarié conteste des résultats positifs, une analyse de sang est réalisée par un service de santé. Les résultats de cet acte médical restent confidentiels et adressés au salarié, mais celui-ci devra les produire pour continuer à contester. »

Aujourd’hui, Air France essaie de déployer la même démarche avec les partenaires sociaux s’agissant de l’usage des drogues.

Auteur

  • SÉVERINE CHARON