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EspagneAU CŒUR DE LA CRISE, INDITEX OSE LES AUGMENTATIONS DE SALAIRES

Pratiques | International | publié le : 15.04.2014 | VALÉRIE DEMON

Le groupe de confection, propriétaire notamment de la marque Zara, a signé de nouveaux accords salariaux triennaux prévoyant des augmentations substantielles. Une marge de négociation en matière d’avantages sociaux a été laissée aux établissements.

À entreprise exceptionnelle, hausse de salaires inhabituelle. Le géant de la mode espagnole, Inditex, à la tête de plusieurs enseignes, apparaît comme une véritable oasis au milieu d’une Espagne en pleine crise. Alors que la majeure partie des entreprises licencie, réduit ou gèle les salaires, ce groupe a décidé d’augmenter les rémunérations les plus basses de 11 % à 14,75 % sur trois ans. Sont concernés les salariés des centres logistiques du groupe, soit 3 000 au total.

L’entreprise a signé récemment avec les syndicats plusieurs accords pour chaque centre logistique. Trois sont déjà couverts. Reste deux centres logistiques dont la négociation est sur le point de débuter. Les syndicats adoptent une stratégie légèrement différente suivant l’ancienneté de ces centres. Pour ceux d’Alcala-Meco (près de Madrid) et de la ville de León, le syndicat majoritaire Commissions ouvrières (CC.OO) a accepté une hausse des salaires de 11 % sur les trois ans à venir. « Ces centres sont plus récents. Nous devions rattraper les conditions de travail des autres établissements, surtout pour les salariés. Une cantine dans le centre de León sera donc installée. Chaque travailleur paiera 3 euros par repas, l’entreprise prendra en charge le reste », explique Carmen Expósito, responsable du secteur textile au sein de la Fédération de l’industrie de CC.OO. Dans le centre d’Alcala-Meco, une réduction du temps de travail a été obtenue. « Si nous faisons le total des avantages sociaux supplémentaires, l’amélioration de la rémunération globale atteint environ 15 % », assure Carmen Expósito.

Ce qui permet peu ou prou de pouvoir égaler les conditions obtenues dans d’autres centres plus anciens, comme celui de Arteixo, au siège du groupe Inditex. Les salaires les plus bas y seront augmentés de 14,75 %. « Mais leurs salariés travaillent plus, notamment les samedis et jours fériés, explique Carmen Expósito. Homogénéiser les conditions salariales et sociales reste compliqué. Car chaque centre logistique correspond à une enseigne, dont les résultats et comptes d’exploitation sont différents. Les responsables ont donc des marges différentes pour négocier. »

Un cas unique dans le secteur

Chaque année, le groupe Inditex affiche des résultats records. Les derniers en date, clos fin février 2014, font pâlir d’envie d’autres entreprises : progression des ventes de 5 % et hausse du résultat net de 1 %. « C’est une très belle entreprise, un cas unique », lance la responsable syndicale. Les salaires les plus bas évoluent entre 1 200 et 1 400 euros nets par mois, contre une moyenne de 790 euros dans d’autres entreprises textiles. « Mais ils restent durs dans les négociations », rétorque Carmen Expósito.

Le groupe proposait fin 2012 une hausse de 9 % sur trois ans pour les salariés aux plus bas salaires d’un des centres logistiques. Inacceptable pour les syndicats, alors que ce centre est lié à une enseigne en expansion et que les cadres dirigeants avaient vu leurs salaires progresser de 12 %. Un seul jour de grève aura suffi pour négocier des hausses plus élevées.

« Ils ont un certain talent pour négocier ; tous les dirigeants sont jeunes et possèdent une vision globale des relations de travail. Mais il est impossible de transposer ce type de négociations à d’autres entreprises du secteur. Tout simplement parce qu’elles ne vendent pas autant qu’Inditex », conclut Carmen Expósito. Seul bémol, les augmentations pour les trois ans à venir resteront inférieures aux 18 % à 20 % de l’accord triennal 2011-2013 et aux 21 % sur trois ans des accords précédents.

Auteur

  • VALÉRIE DEMON