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Écoute et échanges ont accompagné la nouvelle organisation

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 15.04.2014 | CAROLINE COQ-CHODORGE

Face aux profonds changements des métiers du monde hospitalier, le déménagement de l’hôpital de Lagny en 2013 a été l’occasion de tester la mise en place d’une cellule d’écoute.

Afin d’anticiper les conséquences d’un déménagement du centre hospitalier de Lagny (Seine-et-Marne) – mouvement qui s’accompagnait aussi d’« une évolution des organisations, dans le sens d’une plus grande efficacité », selon Éric Roussel, directeur délégué de l’hôpital –, il a été fait appel à l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé, familière de ces transformations.

Entre septembre 2012 et juin 2013, elle a financé le fonctionnement, d’une cellule d’écoute et d’expression pour les quelque 2 000 agents du centre hospitalier de Lagny, qui ont déménagé d’un vieil ensemble pavillonnaire à un nouvel établissement flambant neuf situé à 6 kilomètres de là, à Jossigny, début 2013.

Assurer la continuité et la qualité des soins

« Un déménagement entraîne toujours des changements d’habitudes, donc des inquiétudes. Et dans un hôpital, il faut en plus assurer la continuité et la qualité des soins pendant le temps du déménagement », explique Éric Berthet, directeur d’Alterhego, le cabinet de conseil en ressources humaines, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux.

En parallèle, l’organisation devait évoluer : la logistique a été automatisée, les bureaux d’accueil des patients regroupés, la gestion des lits hospitaliers mise en commun entre plusieurs services, etc. « Tous ces changements étaient difficiles à anticiper, puisqu’ils étaient impossibles à tester en dehors du nouveau contexte architectural », ajoute le directeur de l’hôpital.

Un accompagnement après plutôt qu’avant

Pendant plusieurs mois, plusieurs jours par semaine, les psychologues d’Alterhego sont intervenus dans l’hôpital, se sont montrés dans les espaces d’échanges (la cafétéria, les zones de pause autour de la machine à café, etc.) pour échanger de manière informelle. « À l’hôpital, les agents sont dans l’action, tournés vers les maux des autres. Les échanges informels ont permis de réguler les tensions du quotidien », estime Éric Berthet. Alterhego a également proposé des entretiens individuels à ceux qui le souhaitaient : 100 ont été réalisés. Le directeur Éric Roussel admet que « c’est peu, mais qualitativement, des enseignements ont été tirés de ces entretiens, comme la nécessité d’un accompagnement après le déménagement plutôt qu’avant ». Un groupe d’amélioration de la qualité de vie au travail, auquel participent les représentants du personnel, mais aussi des médecins et tous les agents volontaires, a été mis sur pied et continue de fonctionner.

Afin de célébrer en quelque sorte un « rite de séparation », un groupe projet, constitué d’une vingtaine d’agents, a organisé une fête dans l’ancien hôpital, à laquelle ont participé 850 personnes. Les syndicats, très critiques sur les modalités du déménagement, reconnaissent que « cette soirée était conviviale et a permis de faire le deuil de l’ancien bâtiment », selon Primo Dallasta, secrétaire adjoint de la section CGT de l’hôpital.

Mais les organisations syndicales restent réservées sur les modalités d’accompagnement du déménagement. Corinne Bessonies, secrétaire générale de la section CGT du centre hospitalier, estime que « la cellule d’écoute est intervenue trop tard. Et sur les réorganisations, il y a eu une absence totale d’écoute : seul l’encadrement a été consulté ».

Selon le directeur délégué, un après le déménagement, « les salariés sont satisfaits de leurs nouvelles conditions de travail, même s’il y a encore du chemin à faire ». Corinne Bessonies reconnaît elle aussi que « le personnel s’est approprié le bâtiment. Mais les problèmes budgétaires persistent, au prix de la santé des agents ».

Auteur

  • CAROLINE COQ-CHODORGE