Électricité réseau distribution France (ERDF) cherche, depuis 2008, à recruter des femmes pour ses postes techniques. Les directions Rhône-Alpes Bourgogne et Normandie s’appuient sur l’alternance. Sans être massifs, les résultats sont là.
ERDF est confrontée, depuis 2010, à des départs massifs à la retraite, notamment dans ses métiers techniques. C’est pourquoi elle a élargi son sourcing aux femmes de tous horizons. Si l’accord national sur l’égalité professionnelle l’a prévu dès 2008, la direction Rhône-Alpes Bourgogne (RAB) le fait depuis 2011 « dans une démarche diversité globale décloisonnée femmes, personnes handicapées ou sans qualification, seniors, etc. », explique Pascale Josserand, DRH adjointe.
Chaque unité territoriale de cette direction interrégionale employant 3 928 salariés a d’abord formé ses managers à la gestion de la diversité et sensibilisé l’ensemble des effectifs. Puis les unités territoriales ont annoncé leur volonté de féminisation à leurs relais habituels (service public de l’emploi et cabinets de recrutement) grâce à un cahier des charges affiné. « Mais passer une annonce, même promettant un regard attentif aux talents éloignés de nos métiers, ne suffit pas, assure Francine Fouassier, DRH de l’unité Sillon rhodanien, qui emploie 2 250 salariés. Il faut inverser le rapport, mieux connaître le marché local de l’emploi, organiser des journées portes ouvertes… »
En 2013, ERDF RAB a ainsi recruté en CDI, tous types de postes confondus, 53 femmes sur 223 embauches, soit 24 % (contre 19 % en 2012). Parmi ces recrues, 21 l’ont été sur des métiers techniques : une cadre (pour 3 hommes de même niveau), 11 titulaires d’un bac + 2 (pour 47 hommes) et 9 ayant un niveau inférieur ou égal au bac (pour 88 hommes). Le taux de recrutées de faible niveau de qualification sur des métiers techniques était ainsi de 9 %, contre 5 % en 2012. « Ce qui était déjà non négligeable, assure Pascale Josserand. Cela ne s’est pas fait sans efforts. »
Cette action volontariste consiste notamment à proposer des CDD en alternance, en préalable au CDI, à des candidates n’ayant pas le bac et issues d’autres univers professionnels. « Rien que pour être à au moins 5 % d’embauches durables l’année prochaine, il faut que vous visions 10 % de femmes en alternance cette année », poursuit la DRH adjointe. Actuellement, elles sont huit à préparer un bac pro en contrat de professionnalisation. Elles ont été sélectionnées par un entretien de motivation et, nouveauté de 2013, par des tests d’aptitudes : ascension d’un poteau électrique, dextérité manuelle pour un câblage, localisation par GPS.
Un “kit” méthodologique, conçu au plan national dans le cadre de l’accord sur l’égalité, aide chaque unité à mettre en œuvre ce processus de recrutement particulier, puis à préparer l’intégration par des sensibilisations des équipes et par la vérification des modalités logistiques (vestiaires, douches…).
Pour aller plus loin, l’unité territoriale Sillon rhodanien a également mis en place un dispositif de sourcing auprès d’un public en insertion. Douze personnes dont deux femmes, issues d’autres métiers et n’ayant pas travaillé depuis longtemps, ont ainsi été sélectionnées par le cabinet Akxia, mandaté spécialement : « Il nous permet d’accéder à un réseau fin de structures de terrain », explique Francine Fouassier. Un processus de certification sur mesure a été élaboré avec le Greta : après un an de préparation, ces personnes devraient obtenir en mai un titre de niveau V, clé pour signer un contrat de professionnalisation d’un an.
« En 2014, nous montons deux autres promotions avec l’unité Alpes, poursuit Francine Fouassier. Mais tout ceci reste sur de petits volumes, et il y a des échecs. Nous avons donc aussi expérimenté en 2013 un parcours interne permettant à des salariées de passer d’un métier tertiaire à un autre, technique. » Un dispositif en cours de déploiement.
En Normandie, face à la difficulté à attirer des candidates, Sophie Sicaire, DRH régionale d’ERDF, a voulu « changer de méthode, en allant à leur rencontre ». Début 2013, elle a organisé dans des agences de Pôle emploi et des missions locales des réunions d’information annonçant clairement le recrutement de femmes. « Celles-ci sont venues nombreuses, intéressées par la perspective du diplôme, le bac pro, commente-t-elle. Beaucoup pensaient que nos métiers n’étaient ouverts qu’aux hommes ! » En mars, 56 d’entre elles ont participé à deux job datings, à Rouen et à Caen, qui ont permis d’en retenir 20, pour la plupart issues de l’industrie. Mis à part trois qui ont abandonné, elles ont ensuite suivi une préparation opérationnelle à l’emploi (POE) – mise à niveau en matières générales et électricité dans un CFA, et immersion dans deux équipes ERDF différentes. Après validation par des tests techniques et sur avis des formateurs et des managers, 12 ont signé, en septembre, un contrat de professionnalisation. Une fois leur bac pro en poche, elles passeront en CDI. « Associés dès le départ, les managers se sont découverts très intéressés, note Sophie Sicaire. Certains se positionnent déjà pour la prochaine campagne. » Dix nouvelles réunions ont été organisées en janvier 2014, cette fois dans tous les départements normands, et 50 candidates étaient attendues aux job datings de mars. Objectif : en recruter « au moins dix » en alternance. « Il y a encore deux ans, nous n’avions qu’une femme sur 50 alternants techniques ! », se félicite Sophie Sicaire.
