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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

CPF : quel socle de connaissances clés ?

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Enjeux | publié le : 08.04.2014 | LAURENT GÉRARD

La définition d’un “socle de connaissances et compétences clés” est une des grandes affaires de la réforme actuelle de la formation professionnelle. Parce que les formations qui s’y rapportent pourront être réalisées “de plein droit” par les salariés dans le cadre de leur futur compte personnel de formation et durant leur temps de travail! Et leur employeur ne pourra (quasiment) pas s’y opposer.

Évidemment, toute la question est de sa­voir ce que contient ledit socle. C’est l’un des sujets de travail du groupe multipartite (État, régions, syndicats, patronat) sur le CPF, présidé par Jean-Marie Marx, directeur général de l’Apec, aidé de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Et arriver à une définition consensuelle entre différents acteurs ne sera pas simple.

Si, par exemple, un syndicat comme la CFTC envisage plutôt que le couple CPF-socle puisse être mobilisé pour lutter contre l’illettrisme, la CFE-CGC, de son côté, estime plus légitime que ce socle minimal soit davantage tourné vers la compétitivité des salariés et contienne la maîtrise d’une langue étrangère ou de compétences informatiques. « À nos yeux, les fondamentaux - lire, écrire, compter - relèvent de l’Éducation nationale - et donc de l’État - pas des fonds de la formation continue », estime Dominique Jeuffrault, secrétaire nationale du syndicat des cadres en charge des questions de formation.

Entendant cette analyse, la Fédération nationale des unions régionales des organismes de formation (Furof), qui travaille beaucoup avec des publics de très bas niveau de qualification et/ou ayant des problèmes d’illettrisme, a réagi en affirmant que « l’accès à ce socle de connaissances et de compétences est l’un des rares droits opposables par le salarié à son employeur, inscrit tant dans l’ANI que dans la loi ». En conséquence, selon Michel Clézio, président de la Furof, dire aujourd’hui que cet accès au socle de connaissances et de compétences aurait pour objet d’acquérir des compétences informatiques ou une langue étrangère plutôt que de lutter contre l’illettrisme, ou d’apprendre le français pour certains travailleurs migrants, ou acquérir les rudiments de l’outil numérique, c’est « faire preuve d’une terrible ignorance quant à l’effet de levier que l’élévation des savoirs de base peut avoir en matière de productivité, grâce notamment au gain d’autonomie et aux prises d’initiatives qu’il peut induire ».

Dans la même veine, Pascal Saunier, Pdg de Recif, spécialiste de l’ingénierie des compétences (lire l’interview ci-contre), estime que « les appels à projet “socle de connaissances et compétences” du FPSPP ont énormément développé la lutte contre l’illettrisme et permis de tracer la sortie de l’illettrisme. Il ne faudrait pas que le CPF et le nouveau socle cassent cette dynamique ».

Transversale et transférable

Le débat sera donc extrêmement technique et politique. L’idéal serait-il de mixer les deux visions ? « Le référentiel des compétences clés en situation professionnelle (RCCSP) de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme décrit les compétences clés liées à un emploi au travers de la nature des activités effectuées et des savoirs généraux et appliqués mobilisés, rappelle Pascal Saunier. Ainsi, il permet de concevoir un socle de compétences clés de nature transversale et transférable, communes à un ensemble de métiers au sein d’une branche ou d’un secteur professionnel. » « Au sein d’une branche ou d’un secteur professionnel »  : c’est cette option qui a poussé la branche du commerce à créer, en 2012, son “référentiel de compétences clés dans le commerce” avec une option distribution et une autre logistique. Une voie à suivre ? « Sans définition claire et précise, on risque de provoquer des crashs au sein de branches professionnelles », prévient Stéphane Lardy, représentant FO dans le groupe quadripartite.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD