Vue de l’Europe, la Chine serait devenue un pays capitaliste comme un autre, qui, par l’importance de sa population et le dumping social qu’elle pratique, entrerait simplement en concurrence plus ou moins loyale avec nos anciennes économies. Pour l’auteur, économiste, cette vision simpliste masque la spécificité chinoise et, dans le même temps, le risque qu’elle fait peser sur l’économie, l’écologie, la croissance et l’emploi au niveau planétaire. Certes, la Chine s’est convertie à l’économie de marché, mais sans renoncer aux principes de centralisme hérités de l’ère communiste, de telle sorte que ce n’est pas la concurrence des firmes chinoises prises une à une qu’il nous faut craindre mais la concurrence qu’un État souverain d’un milliard cinq cents mille habitants fait peser sur la souveraineté des États les plus faibles.

Quand la Chine s’éveillera, disait en son temps Alain Peyrefitte, le monde tremblera. Ce que nous explique aujourd’hui l’auteur, c’est que la Chine est désormais bel et bien éveillée, veillant jalousement à assurer son développement et à anticiper les pénuries de tous ordres qui pourraient menacer le nombre extravagant de ses habitants en entravant la possibilité de s’approprier les ressources de la planète. Bien sûr, les investissements à l’étranger de la Chine ont plutôt tendance à doper la croissance et, là où les firmes chinoises s’installent, elles créent des emplois. Mais jusqu’à quand ? Déjà nos pays peinent à défendre le niveau de vie et l’emploi de leurs habitants face à la concurrence asiatique et on peut imaginer que cela ira plus loin. D’où l’impérieuse nécessité, selon l’auteur, de cadrer l’expansionnisme chinois.

Le Défi chinois

Jean-Yves Carfantan, Seuil, 288 pages, 20 euros.