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BALL PACKAGING ANCRE L’INTÉRESSEMENT DANS LE QUOTIDIEN DES SALARIÉS

Pratiques | publié le : 01.04.2014 | LAURENT POILLOT

L’entreprise affiche chaque semaine ses indicateurs de production pour tenir en alerte les salariés sur leurs perspectives de participation et d’intéressement.

Une culture d’entreprise solide, soutenue par une politique de partage des richesses : c’est le credo social du fabricant de canettes métalliques Ball Packaging Fran­ce. Son usine de La Ciotat (Bouches-du-Rhône) a d’ailleurs été primée aux Trophées de l’action managériale que le Medef organise depuis deux ans, avant Noël.

Le directeur de l’usine, Matthieu Laudet, ne manque jamais de communiquer sur le sujet en interne : « Ce trophée, souligne-t-il, est le reflet de la constance de notre politique managériale durant ces douze dernières années. » Soit depuis que le groupe américain a repris ce site de 170 personnes. Sans engager de plan social, mais en développant des programmes de lean management pour impliquer les salariés dans une démarche d’amélioration continue, dont la clé de voûte est la sécurité au travail. Matthieu Laudet reconnaît « un seul accident avec arrêt » lors de ces sept dernières années.

Motivation “en continu”

Le risque santé-sécurité est un indicateur, parmi d’autres, de la conduite d’activité - avec la production, la productivité, la qualité et les coûts - à laquelle Ball Packaging a lié son dispositif d’intéressement. Cette rémunération complémentaire est considérée comme majeure pour motiver les salariés “en continu”, sachant que 70% d’entre eux occupent des postes d’opérateurs, pour un salaire mensuel de base, à l’embauche, légèrement supérieur au smic (sur 13 mois). « Notre activité est très concurrentielle. Il faut être les moins chers, tout en proposant le meilleur niveau de qualité », justifie Matthieu Laudet. Pour gagner plus, les salariés contribuent à la profitabilité de l’entreprise par leurs comportements quotidiens. Par exemple en enchaînant les changements de bobines d’aluminium sans gaspiller de matière première. Le site affiche, chaque semaine, ses indicateurs de productivité, de sinistralité, de qualité, etc. pour maintenir la vigilance collective.

Une démarche beaucoup plus parlante que les notions comptables qui bordent les contrats d’intéressement, estime Matthieu Laudet. Selon les années, l’entreprise verse à chaque salarié de 5 000 euros à 11 000 euros (7 500 euros en moyenne), au titre de l’intéressement et de la participation. Le versement de l’intéressement, « per capita et non au prorata des salaires », est égalitaire : « Nous partons du principe que chacun de nous occupe un rôle déterminant dans l’atteinte de nos résultats, aussi bien le salarié qui a lavé le sol avant la visite d’un client important que le manager chargé de prendre des risques stratégiques », considère Matthieu Laudet.

Ball Packaging France dispose d’un dispositif d’épargne salariale étoffé : deux fonds pour le Perco et quatre pour le PEE - dont un fonds d’actions Ball Packaging abondé par l’employeur (entre 10 % et 15 %) plutôt lucratif, puisque l’action a augmenté de 100 % en douze ans.

Mais cette approche laisse de marbre le délégué central syndical CGT, David Taquet. Il affirme que le jeu de l’intéressement est biaisé par l’opacité des circuits financiers dans le grou­pe : « Nous n’avons plus de visibilité sur les bénéfices réellement dégagés par nos deux sites de Bierne (Nord) et La Ciotat, depuis que le siège européen a été transféré de l’Allemagne vers la Suisse. En revanche, les pressions sur nos conditions de travail sont constantes, pour que la direction atteigne le seuil de rentabilité demandé par les actionnaires. » La CGT a redoublé ses demandes d’expertise pour décoder les décisions exposées en comité d’entreprise.

Auteur

  • LAURENT POILLOT