Non seulement les capitaux économiques et culturels sont répartis de manière inégale, mais encore l’intégration sociale elle-même, le lien social qui associe l’individu au groupe, ne se tisse-t-il pas de manière également solide selon les configurations familiales et sociales. Étudier le rapport entre les notions d’intégration et d’inégalité comme le font dans cet ouvrage des sociologues de l’Équipe de recherche sur les inégalités sociales (Eris), sous la direction de Serge Paugam, grand spécialiste de l’exclusion, ne va pourtant pas de soi tant nous avons pris l’habitude de séparer les questions d’intégration relatives à la constitution du lien social et les questions d’inégalités relatives, pour leur part, à la stratification sociale.

Le creusement des inégalités lié à la montée de la précarité justifie cependant pleinement que ces deux questions soient abordées de front. Ce livre propose d’étudier les formes inégales de l’intégration sociale en partant des différents types de liens sociaux dans lesquels les individus sont pris ou, au contraire, dont ils sont exclus. Ces liens sont multiples et de nature diverse, mais ils apportent tous à l’individu à la fois la protection et la reconnaissance nécessaires à son existence sociale. Qu’il s’agisse de liens de filiation, d’amitié, d’amour, de travail, de citoyenneté, une synergie existe entre eux, qui permet quelquefois de remplacer la faiblesse de l’un par la force de l’autre, mais qui représente aussi une véritable menace de détricotage de tous quand on perd son emploi, son compagnon ou que l’on se fait vieux.

Ce sont à la fois ces aspects multiples et leur cohérence qui sont mis en lumière par les différents auteurs de l’ouvrage, à partir de l’analyse de leur fluctuation, des usages sociaux, du travail et des éventuels ratés de l’intégration citoyenne.

L’intégration inégale

Sous la direction de Serge Paugam, PUF, 528 pages, 27 euros.