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Six entreprises ont formalisé leur management en santé et sécurité

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 25.03.2014 | L. P.

Une démarche conjointe de l’Afnor et de la Carsat Rhône-Alpes a permis à six entreprises de se préparer à l’Ohsas 18001. Deux d’entre elles ont obtenu très vite, en dix-huit mois, la certification de leur management en santé-sécurité. Les autres poursuivent le parcours.

« Trop d’entreprises ont tendance à reporter l’examen des sujets de santé et sécurité au travail après ceux du “cœur de métier”. Or, quand ils sont traités, ils améliorent la performance globale de l’organisation. » Olivier Constant, le délégué régional Rhône-Alpes, Auvergne et Franche-Comté du groupe Afnor, ne s’est pas encore penché sur le ROI type d’un chantier de management de la santé et sécurité au travail (SST). Mais il a trouvé, dans l’action collective que son organisme a menée avec la Carsat Rhône-Alpes pour six PME et grandes organisations, des motifs d’en convaincre beaucoup plus d’agir.

L’origine de ce programme remonte à l’année 2011. L’Afnor et les Carsat mènent alors au plan national une démarche conjointe pour sensibiliser les PME et PMI aux démarches de certification des systèmes de management, à partir de la norme britannique Ohsas 18001 ou, mieux, de l’ILO-OSH 2001, un référentiel réputé plus exigeant. Dans la région de Lille, à Nantes et en Alsace, les chargés de mission de ces organismes proposent aux entreprises un outil de diagnostic et de positionnement, dit “grille GPS-SST”.

Idem en Rhône-Alpes, où les acteurs ont parié sur une action collective, combinant diagnostic, conseil individuel et sessions de partage d’expérience pour conduire les entreprises jusqu’à la certification. Très vite, ils obtiennent le soutien de la Direccte et d’Aravis, gestionnaire du Fact (Fonds pour l’amélioration des conditions de travail) pour l’État, avec qui ils s’accordent sur la méthodologie d’intervention et le budget à cofinancer.

Points faibles

La méthodologie, tout d’abord : un prédiagnostic d’une demi-journée, avec restitution immédiate, par un consultant, suivant 20 points de mesure servant à vérifier si la fonction SST est assurée ou non dans l’entreprise. « Il ne fallait pas que les organisations aient le sentiment de faire un audit de plus, raconte Jean-Paul Poizat, ingénieur conseil à la Carsat. On ne leur demandait pas de remplir la grille; nous venions et observions. L’outil GPS avait trois niveaux d’utilisation : “à blanc”, pendant et après l’accompagnement. Nous proposions d’identifier trois points faibles et de travailler dessus. »

Chaque entreprise allait bénéficier ensuite de deux jours de formation approfondie, pour installer les participants dans leur rôle de préventeur, puis de cinq jours d’accompagnement individuel pour les préparer au référentiel. Le programme a prévu, enfin, dix réunions collectives (une demi-journée par mois) pour parler de leurs plans d’actions et de thèmes retenus (évaluation des risques, pénibilité, risques psychosociaux…). Le bon moment pour faire de la veille réglementaire, discuter procédure et s’échanger des documents prêts à l’emploi, tels que des fiches de sécurité pour le poste de travail.

Budget pour ce programme : 25 000 euros pour le volet collectif, cofinancé par la Carsat et la Direccte. Le groupe Afnor dit avoir fait une ristourne de 20 % sur ses interventions d’animation, d’accompagnement et de formation. Les aides délivrées par Aravis, au titre du Fact, ont quant à elles pu couvrir 70 % du coût des actions individuelles. « Nous avons fait en sorte que le coût réel ne soit que de 6 000 euros pour une PME et 10 000 euros pour une grande entreprise », explique Paule Nusa, la coordinatrice Afnor.

Feuilles de route

Les participants ont fait leur bilan à la mi-février. Deux entreprises industrielles ont été certifiées : l’une, Eurotab, s’inscrit dans une démarche permanente de sécurité depuis que l’usine de compression de poudres détergentes (200 salariés) de Saint-Just-Saint-Rambert (Loire) a été incendiée, en 2005. L’autre entreprise, fabricante de vannes pour les secteurs nucléaire et pétrochimique à Saint-Vallier, Daher-Vanatome (150 salariés sur ce site drômois), n’avait pas de culture SST formalisée. Sa direction a pris des mesures préventives après avoir su qu’un accident mortel était survenu chez un concurrent.

Les autres entreprises s’y préparent. Elles ont eu un “audit à blanc” encourageant, selon l’Afnor. « Chacune a une feuille de route à respecter », affirme Paule Nusa. Tous n’en sont pas au même point. L’Afpa, prise dans son plan de restructuration, a gelé sa démarche. À l’inverse, le laboratoire de biologie (39 salariés) du centre hospitalier privé Saint-Luc-Saint-Joseph (Lyon) venait surtout se préparer aux exigences de la norme Cofrac ISO 15189, propre aux labos. Il vise finalement cette certification en plus de l’Ohsas 18001.

Action collective

Le cas de la PME de systèmes de conversion d’énergie Cefem (60 salariés) est lui aussi intéressant. « Nous avions la volonté de progresser en santé-sécurité mais nous avions des ressources et des compétences limitées, raconte la RRH, Émilie Fangier. L’action collective a été importante. Elle nous a permis d’échanger à plusieurs et d’accéder à l’aide financière du Fact, que nous ne connaissions pas. » Elle espère l’Ohsas 18001 pour 2014.

L’Afnor et la Carsat Rhône-Alpes ont décidé d’élargir cette communauté de préventeurs. Avec l’aide d’Opcalia Rhône-Alpes et de la région, ils ont lancé la plate-forme de 3S (associant les thèmes de santé, sécurité et dialogue social), à laquelle ont adhéré six PME et 19 structures parapubliques et grandes entreprises. Les partages d’expériences qu’elles organisent entre elles traitent aussi bien de TMS, de qualité de vie, de risques routiers que de démarches seniors.

Auteur

  • L. P.