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QuébecDES MUTUELLES POUR LA FORMATION DANS LES TPE-PME

Pratiques | International | publié le : 25.03.2014 | LUDOVIC HIRTZMAN

Le Québec a mis en place des mutuelles de formation territoriale pour pallier les difficultés de financement des petites entreprises dans ce domaine : une réponse de proximité efficace.

« Plus de 8 000 entreprises et coopératives de la région de Lanaudière (près de Montréal) comptent 10 salariés ou moins et une masse salariale inférieure à 250 000 dollars (environ 162 000 euros). Les coûts unitaires des interventions en formation sont élevés et inaccessibles pour la majorité des coopératives et entreprises de la région », assurent les promoteurs d’une mutuelle de formation territoriale (MFT), qui doit être créée prochainement dans la région de Lanaudière.

La seule solution pour aider ces entreprises est donc une mutualisation de la formation. Marcel Pedneault a été en 2003 le cofondateur de la première mutuelle de formation territoriale, FormaPlus, qui regroupe plus de 5 000 salariés et 150 PME. Il préside aujourd’hui Format PME, une MFT montréalaise fondée il y a cinq ans, fédérant plus de 70 sociétés dans l’Est de Montréal. Si la première MFT a été créée il y a plus d’une décennie, le modèle a vraiment pris son essor en 2008, lors de la crise économique. Trois autres MFT ont alors été créées et plusieurs autres le seront cette année.

Pas d’obligation pour les PME

La formation de la main-d’œuvre a toujours été l’un des points faibles du Québec. La Loi 90 sur la formation continue ne date que du milieu des années 1990. Les entreprises dont la masse salariale est supérieure à 1 million de dollars (environ 650 000 euros) ont pour obligation de consacrer l’équivalent de 1 % à la formation continue, ce qui exclut de facto les PME de moins de 50 salariés. « De nombreuses entreprises ne font aucune formation continue et préfèrent reverser ce 1 % au gouvernement », déplore Marcel Pedneault.

Exception faite des comités sectoriels de main-d’œuvre, qui effectuent de la formation dans leur branche d’activité, les MFT sont à peu près les seuls à en offrir. Non sans mal, car, à l’exception d’aides ponctuelles du ministère de l’Emploi, les MFT s’autofinancent grâce aux cotisations des entreprises adhérentes. L’adhésion, seule dépense de l’entreprise, lui coûte de 0,1 % à 0,5 % de sa masse salariale. Les salaires sont payés pendant les formations, les repas sont pris en charge, et l’entreprise dispose par la suite d’une banque d’heures de services conseils. La MFT obtient, elle, la prise en charge du financement des formations par la Commission des partenaires du marché du travail, un organisme public faisant le lien entre le ministère de l’Emploi et les partenaires sociaux et privés.

Les MFT privilégient les entreprises de 20 à 50 salariés. « C’est avec elles qu’on a le plus gros impact. Elles sont juste assez grosses pour avoir besoin d’une organisation et juste assez petites pour ne pas avoir un département RH », selon l’ancien directeur de FormaPlus, Mathieu Sénécal. Les formations ne dépassent pas une ou deux journées. Très pratiques, elles portent aussi bien sur le marketing, les finances, la gestion de projets que la mobilisation d’une équipe.

« Ce sont des formations clés en main que nous réalisons en fonction des besoins des clients », explique Marcel Pedneault. Les consultants de Format PME se rendent dans l’entreprise pour effectuer un diagnostic. « Le gestionnaire responsable ne voit pas toutes les faiblesses en matière de formation. Il est généralement capable d’énumérer trois ou quatre formations, pas plus. L’approche par un catalogue de formations n’est pas meilleure. C’est pourquoi nous préférons une démarche personnalisée. Nous étudions avec le Pdg le développement stratégique de l’entreprise, puis les compétences nécessaires pour atteindre les objectifs », souligne le directeur général de Format PME. La grande force des MFT est, comme leur nom l’indique, leur lien avec un territoire donné. « Je n’ai pas le droit d’avoir des entreprises adhérentes ailleurs que dans ma zone géographique », explique Marcel Pedneault. Les MFT travaillent donc en concertation avec des acteurs économiques et sociaux locaux. Elles connaissent parfaitement les difficultés et les problématiques liées à un territoire donné, et c’est là une force irremplaçable.

Auteur

  • LUDOVIC HIRTZMAN