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ALCOOL : L’AP-HP VEUT AMENER LES SALARIÉS À SE PRENDRE EN CHARGE

Pratiques | publié le : 25.03.2014 | SÉVERINE CHARON

Pour lutter contre les addictions et aider les salariés confrontés à un problème d’alcool, l’AP-HP choisit la formation et l’information, et non la sanction.

En 2006, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a mis en place la mission Fides (du latin “confiance”), structure permanente dédiée à la prévention des addictions aux substances psycho- actives, et en particulier à l’alcool, auprès de ses 90 000 salariés. En milieu hospitalier, le stress est présent et les substances médicamenteuses accessibles, la sécurité des agents et celle des patients sont en jeu, mais le respect de la vie privée et le secret médical ont plus de sens qu’ailleurs. Enfin, à l’AP-HP, il n’existe pas de règlement intérieur ni de définition de “poste de sécurité” qui auraient pu faciliter la mise en place d’une démarche coercitive.

L’accent a donc été mis sur la formation et la communication. Des actions développées en interne visent à donner aux personnes pouvant être confrontées à des problèmes d’addiction les moyens de gérer la situation. Deux fois par an, une session de quatre jours sur les conduites addictives en milieu professionnel est dispensée aux médecins du travail, assistants sociaux, DRH, représentants du personnel, et aux managers volontaires ; 50 à 60 personnes sont formées chaque année.

Formation de l’encadrement

Chaque année aussi, une trentaine d’autres personnes issues de l’encadrement suit une formation d’une journée sur les problématiques de la consommation de substances psycho-actives et sur la manière de proposer un entretien avec un salarié en difficulté. Depuis trois ans, les personnes ayant suivi la formation longue peuvent participer à une session sensibilisant à l’intérêt de l’entretien avec un salarié en situation d’addiction pour le faire entrer dans un processus de soins.

En parallèle de ces formations inscrites au catalogue de l’AP-HP, les permanents de la mission Fides (un cadre socio-éducatif et un addictologue à mi-temps) aident à la mise en place de journées d’information dans les hôpitaux, et proposent un service d’écoute téléphonique ouvert aux personnes ayant un problème d’addiction et à ceux qui ont connaissance d’un tel problème.

« La mission Fides n’intervient pas dans le domaine disciplinaire de la sanction, il s’agit d’accompagner le personnel et de l’aider à se diriger vers des structures de soin », explique Isabelle Chavignaud, qui coordonne la mission.

Difficile de chiffrer le bilan de cette action, mais des changements culturels ont bien eu lieu. « À l’AP-HP, il n’y a plus d’alcool dans les cantines en self-service et, dans nombre d’hôpitaux, l’organisation des pots pour fêter un mariage ou l’arrivée du petit dernier est encadrée », indique Isabelle Chavignaud.

Réjane Prestail, mandatée par la CGT au CHSCT central, reconnaît ce bilan mais regrette que la ­mobilisation au sein de chaque hôpital ne se concrétise qu’en fonction de la sensibilité des responsables. La mission Fides reste trop peu connue. Ce qui peut expliquer le succès très mitigé du service d’écoute téléphonique, avec seulement une quarantaine d’appels chaque année.

Autre regret, la communauté des médecins de l’hôpital, environ 20 000 personnes, ne se sent pas concernée par la démarche. « Nous sommes intervenus au sein de certaines commissions médicales d’établissements*, mais la mise en œuvre d’actions vers le personnel médical est compliquée », confirme Isabelle Chavignaud.

* Instances représentatives des médecins à l’hôpital.

Auteur

  • SÉVERINE CHARON