E & C : L’Institut Montaigne a publié la semaine dernière une étude CSA sur la perception qu’ont les Français de l’apprentissage (1). Quelle est-elle aujourd’hui ?

L. B. : Certains “clichés” ont la vie dure : 69 % des Français interrogés considèrent que l’apprentissage est mal connu et qu’il est surtout réservé aux métiers manuels, et 63 % estiment que les formations en apprentissage ont une mauvaise image. Néanmoins, 83 % des personnes interrogées pensent qu’elles permettent de trouver un premier emploi plus facilement, et 72 % les considèrent comme des formations comme les autres. Seules un quart d’entre elles estiment que l’apprentissage offre moins de débouchés professionnels qu’une formation générale.

E & C : Les jeunes partagent-ils le point de vue de leurs aînés sur ces questions ?

L. B. : Les jeunes Français interrogés portent un regard moins positif que leurs parents sur ce type de formation : 61 % d’entre eux déclarent avoir envie de suivre une formation en apprentissage là où 89 % des parents la conseilleraient à leurs enfants. Mais cette différence s’explique en grande partie par le faible nombre d’apprentis et les difficultés à trouver des emplois en apprentissage : 76 % de ces jeunes pensent qu’il est difficile de trouver un poste d’apprenti en entreprise. À peine 7 % des jeunes Français de 16-25 ans sont en alternance contre 17 % en Allemagne. Or l’alternance permet à la fois d’élever le niveau de qualification et les perspectives d’embauche.

E & C : Quelle solution les Français souhaiteraient-ils voir adopter ?

L. B. : Les efforts consentis jusqu’à présent pour promouvoir l’apprentissage sont insuffisants, vis-à-vis des entreprises comme au sein de notre système éducatif. Ce sondage interroge aussi les choix politiques opérés par les gouvernements successifs : 85 % de Français font davantage confiance à l’apprentissage qu’aux emplois d’avenir ou aux contrats de génération (14 %) pour permettre une insertion durable des jeunes dans l’emploi. Et ils sont 93 % à penser que le gouvernement devrait augmenter son soutien aux entreprises, et notamment aux plus petites, lorsqu’elles recrutent des apprentis.