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Les métaphores dans l’entreprise

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET, CONSEIL EN ENTREPRISES À PARIS. <> | publié le : 18.03.2014 |

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Les métaphores dans l’entreprise

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Certains pensent à des additifs de langage dont on pourrait se passer, d’autres les considèrent comme des images, figures de style ou bons mots dont on parsème son discours pour faire joli. En fait, le pouvoir des métaphores va bien au-delà : elles façonnent notre façon de penser et influencent directement nos actions.

Par exemple, on valorise l’esprit d’équipe, on se motive pour relever des challenges, on cherche à dépasser ses concurrents. Même entre services, on aime surpasser son voisin. Ici, le sport et la compétition sont à l’honneur. À l’extérieur de l’entreprise, l’affrontement sort du terrain de jeu et se déplace vers celui de la guerre. La mondialisation ? Un affrontement sans merci où le plus fort écrase le plus faible. Les marchés ? Des univers implacables où la bataille fait rage. Parler alors de collaboration paraît presque incongru. Chacun tente d’être à la hauteur de la bataille tout en craignant d’y laisser sa peau. Les soldats sont si fatigués que l’on commence à s’inquiéter.

Quant à l’organisation, son univers symbolique reste de préférence celui de la machine. Les équipes dirigeantes aiment les processus bien huilés, les fonctionnements optimisés, la standardisation. On raisonne input-output, on se montre obsédé par l’efficacité, la productivité, le contrôle des coûts. Quand un problème survient c’est forcément la faute d’une personne ou d’un service, comme on découvrirait une pièce défectueuse dans un moteur. On change donc la pièce. On reste les yeux rivés sur les tableaux de bord, on invente des mesures pour tout (les fameux indicateurs), y compris pour la culture d’entreprise, la motivation, les émotions ou le bien-être au travail. Réalise-t-on que nos façons d’agir sont directement télégui­dées par cette métaphore dominante ? Et surtout qu’elle n’est plus adaptée ?

Depuis quelques années, d’autres métaphores apparaissent. Les petites start-up aiment se considérer comme des tribus, ou des communautés d’amis. On s’engage à fond, on partage des codes et des rituels de travail, un vocabulaire, des convictions. Les sociétés de l’univers numérique aiment se décrire en “réseau”, à l’image du Web, lui-même comparable au cerveau et à ses multiples connections neuronales. Un cerveau, ça fonctionne vite, ça fait des liens entre les informations, ça navigue instantanément entre le passé et le futur, les archives et le moment présent. C’est un lieu de performance, de mémoire, d’intelligence, de créativité, d’agilité. Évidemment, quand la grande organisation de type “machine” espère atteindre l’agilité en sophistiquant ses processus et son reporting, cela fait sourire…

Mais d’autres métaphores viennent heureusement nous inspirer. La biologie par exemple. L’entreprise “organisme vivant” veut se maintenir en bonne santé et de façon durable. Il faut donc qu’elle échange des informations et des nutriments avec son “écosystème” et qu’elle tire parti de ses expériences pour croître. Elle découvre les logiques de collaboration, d’open innovation, d’intelligence collective. On y pratique les tests, le droit à l’erreur, l’ouverture extérieure, le partage, les respirations, l’apprentissage. Très différent de la machine !… mais proche de la vraie vie finalement. C’est un bon signe. En pensant différemment, on va progressivement manager différemment. Dans votre univers de travail, quelle est la métaphore dominante ?