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« L’intéressement se substitue au salaire »

Actualités | L’INTERVIEW | publié le : 18.03.2014 | SABINE GERMAIN

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« L’intéressement se substitue au salaire »

Crédit photo SABINE GERMAIN

E & C : Vous avez mené avec Richard Duhautois, économiste au Centre d’études de l’emploi (CEE), une étude sur l’intéressement et son effet sur l’évolution des salaires*. Dans quel but ?

N. D. : Les dispositifs d’épargne salariale sont anciens : dès les années 60, le général De Gaulle a considéré que c’était un bon moyen d’associer les salariés aux résultats, au capital et à la gestion de l’entreprise. Mais ils n’ont réellement pris leur essor que dans les années 80, avec l’adoption de mesures sociales et fiscales avantageuses pour les employeurs et les salariés. Les primes d’intéressement augmentent-elles la rémunération des salariés ? Le ministère du Travail a lancé un appel d’offres sur cette question : notre étude y répond.

E & C : Quelle est sa conclusion ?

N. D. : Nous nous sommes rendu compte que l’intéressement se substitue au salaire de base et n’a donc pas d’impact sur la rémunération globale. Sur la base de l’enquête Pipa (Participation, intéressement, plans d’épargne salariale et actionnariat des salariés) entre 1999 et 2007, nous avons observé deux types d’entreprises : celles qui ont introduit un accord entre 1999 et 2007, et celles qui ont été couvertes par un accord durant toute la période. Dans le premier groupe, l’introduction de l’intéressement n’a pas d’effet sur les rémunérations; dans le second, il s’accompagne d’une modération du salaire de base, mais n’impacte pas de manière significative l’évolution de la rémunération globale. Ce qui amène à se demander si les avantages appliqués à l’épargne salariale ne favorisent pas la création d’une rente fiscale et pose la question de la légitimité de ce régime avantageux, bien qu’amoindri avec la mise en place en 2009 du forfait social.

E & C : Votre étude s’arrête en 2007, juste avant la crise. Vos conclusions seraient-elles différentes aujourd’hui ?

N. D. : Il est évidemment difficile de répondre à cette question sans données précises. On peut toutefois considérer, au regard des entreprises pratiquant l’intéressement depuis longtemps, que le phénomène de substitution que nous avons mis en évidence s’est probablement accru avec la crise.

* « Les effets de l’intéressement sur l’évolution des salaires » : la synthèse de cette étude a été publiée dans Connaissance de l’emploi n° 108, publié par le Centre d’études de l’emploi en novembre 2013.

Auteur

  • SABINE GERMAIN