E & C : L’e-learning se développe-t-il ?

J. B. : Oui, envers et contre tout, il se développe ; malgré les problèmes liés à la réglementation de la formation en France et malgré les aspects financiers. Mais les coûts baissent en cas d’effet de masse et/ou d’utilisation sur le long terme, quitte à actualiser le contenu.

E & C : La réforme actuelle est-elle positive ?

J. B. : Deux éléments de la nouvelle réforme de la formation peuvent être très positifs pour l’e-learning. Premièrement, la suppression du 0,9 % plan de formation devrait entraîner la fin des règles d’imputabilité qui ont tant freiné l’e-learning, donc une atténuation des problèmes réglementaires.

Ensuite, la loi reprend à son compte une définition plus large du concept de formation, déjà exprimée dans la circulaire de 2001. Cela devrait aussi faciliter les choses. C’est dans les décrets à paraître qu’on y verra plus clair sur les modalités de contrôle et de charge de la preuve.

E & C : Quelle est la position des Opca sur l’e-learning ?

J. B. : Eux aussi sont en attente de clarification, car ils sont bloqués par les questions réglementaires, mais ils sont très intéressés et favorables.

Le problème des Opca n’est pas tant celui du financement des frais pédagogiques propres à l’e-learning : matériel, logiciel, développement… que celui de la rémunération du salarié en formation. Un salarié “rapide”, qui consomme vite l’e-learning, ne va pas coûter cher en salaire durant la formation. Mais un salarié” lent”, s’il doit passer beaucoup plus d’heures que prévu devant l’e-learning, peut coûter beaucoup plus cher. Ce qui n’est pas viable économiquement, et ce qui pose un problème d’objectivation du nombre d’heures.

E & C :Quelle pourrait être la solution ?

J. B. : Elle serait que l’employeur et le prestataire prédéfinissent un nombre ou une fourchette d’heures d’e-learning nécessaires, et que le coût soit forfaitisé sur cette base, quel que soit le temps réel d’utilisation par la suite. Cette définition pourrait ensuite être affinée par la somme des expériences des entreprises.

Cette solution est celle avancée depuis longtemps par le Forum français pour la formation ouverte et à distance [FFOD] et la Fédération de la formation professionnelle.