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Le tutorat, un allié de qualité pour les jeunes et les employeurs

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 04.03.2014 | FLORENCE ROUX

Une enquête Agefos-PME fait le point sur le bon déroulement de 92 % des contrats de professionnalisation qu’elle finance en Rhône-Alpes. Elle met en relief le rôle décisif du tutorat.

En Rhône-Alpes, 92 % des bénéficiaires des contrats de professionnalisation signés via Agefos-PME conduisent à terme leur formation par alternance, selon une étude menée en juin dernier pour l’Opca par le Pôle Rhône-Alpes de l’orientation (Prao). « Nous finançons entre 25 % et 27 % des contrats de professionnalisation de la région, explique Serge Géri, directeur d’Agefos-PME Rhône-Alpes. Il était essentiel d’évaluer l’efficacité de ce dispositif. »

Rupture de contrat par les jeunes

L’enquête, menée auprès de 622 répondants sur 3 341 contrats signés en 2012*, montre que 8 % des jeunes expérimentent une rupture de contrat, qui, dans 45 % des cas, est de leur propre fait. « Souvent, la formation ne correspondait pas aux attentes du stagiaire, observe Boris François, qui a piloté l’étude pour le Prao. Mais il est difficile de tirer des conclusions significatives sur une quarantaine de réponses. »

En termes de réussite, sur le plan des apprentissages, les résultats sont plus nets, puisque 81 % des bénéficiaires ont obtenu le diplôme ou la qualification visés. Et ce taux est de 85 % pour un niveau supérieur ou égal au bac. Ces réussites se traduisent souvent par des embauches dès la sortie du contrat, comme c’est le cas pour plus des deux tiers (67 %) des personnes. Et, pour les trois quarts d’entre elles, cette embauche a lieu dans leur entreprise d’accueil. Six mois après la sortie de formation, le taux d’emploi est porté à 80 %.

Vite opérationnel

Christian Borrione, responsable de S3C Audit, un cabinet d’expertise comptable employant sept personnes à Limas (69), se félicite d’avoir pris deux personnes en contrat de professionnalisation : « Le salarié est vite opérationnel sur le terrain. Et, en contrepartie, la maturité qu’il acquiert dans le travail l’aide à passer ses examens. Pour nous, cela conforte un recrutement naturel. » Il y a deux ans, le directeur a ainsi embauché en CDI un premier jeune en contrat de professionnalisation avant de relancer le dispositif l’an dernier avec une nouvelle recrue pour le même diplômesupérieur de comptabilité et de gestion (DSCG).

Deux autres points marquants émergent de l’enquête du Prao. Premièrement, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les jeunes suivant une formation de courte durée qui connaissaient le meilleur taux d’insertion : les bénéficiaires de formations de moins de 500 heures enregistrent ainsi le taux d’emploi le plus élevé, 84 %. « Cette information nous permet d’affiner notre démarche et de promouvoir plus volontiers les parcours de ce type, même si les formations de plus de 1 000 heures sont, bien sûr, prises en compte », remarque Serge Géri.

Deuxième point marquant de l’étude : la confirmation du rôle fondamental du tutorat dans le dispositif. 82 % des répondants à l’étude étaient suivis par un tuteur, et 78 % d’entre eux estiment que cela a favorisé le bon déroulement du contrat. « Or, souligne le directeur de l’Opca, 30 % des contrats financés en 2011 et 2012 ont bénéficié d’une politique de soutien des tuteurs que nous avions mise en place ces années-là. »

Fiabiliser le dispositif

Dans ce dispositif, il s’agissait soit de formation des tuteurs (21 %) – la formation dispensée faisant l’objet d’une prise en charge de 600 euros pour 40 heures et 1 813 tuteurs –, soit du financement de la mission tutorale (36 %). Celle-ci correspondait à une indemnité (de 1 380 à 2 070 euros) versée par l’Opca à 3065 tuteurs au titre du temps passé auprès de chaque salarié tutoré.

« Il est incontestable, ajoute Serge Géri, que le fait de participer au financement du temps passé par le tuteur à accompagner le jeune contribue a fiabilisé le dispositif. Cependant, et dans le contexte de réduction des moyens disponibles au titre de la professionnalisation, afin de respecter les règles et les équilibres financiers permettant d’accéder à la péréquation nationale, l’Agefos-PME Rhône-Alpes n’est plus en mesure depuis lors de maintenir une telle politique et d’assurer des financements de cette importance, en particulier en ce qui concerne la mission tutorale. »

Pierre Choplain, Pdg de la PME informatique lyonnaise PCI, confirme qu’« il est impératif de suivre un jeune en formation si on veut un résultat et une embauche. D’autant qu’il y a un décalage entre le rythme de la formation et celui de l’entreprise ». Depuis douze ans que sa PME informatique lyonnaise, adhérente d’Agefos-PME, prend des commerciaux et développeurs en alternance (pour préparer des BTS ou des licences), elle s’appuie systématiquement sur un tutorat précis : « Il faut fixer au jeune des objectifs hebdomadaires et mensuels, des étapes progressives sur six mois à un an, vers l’autonomie. Et ça s’apprend ». Pierre Choplain, lui-même, avait suivi une formation il y a dix ans, comme trois autres tuteurs dans l’entreprise.

* 42 000 euros, cofinancés à 50/50 par le Pôle Rhône-Alpes de l’orientation, le Prao et Agefos-PME.

Auteur

  • FLORENCE ROUX