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DES ENTREPRISES LYONNAISES MUTUALISENT L’AIDE À LA MOBILITÉ

Pratiques | publié le : 25.02.2014 | LAURENT POILLOT

Une demi-douzaine de grandes entreprises lyonnaises ont créé, il y a trois ans, un service mutualisé permettant aux salariés de se projeter sans risque dans un autre scénario d’emploi. Quelques parcours efficaces ont pu être construits, même si, quantitativement, peu de salariés y ont recours.

A Lyon, les cinq responsables ou directeurs RH d’Aldes, de Gerflor, de Bayer, de Merial, de Merck et d’Orange aimeraient populariser leur service d’accompagnement à la mobilité, baptisé Alliance, qu’ils ont créé il y a trois ans. Sur rendez-vous, leurs salariés peuvent venir rencontrer, à la Maison de l’emploi et de la formation (MDEF) de Lyon, une conseillère dédiée qui va leur proposer, selon les cas : des contacts utiles pour se projeter dans un nouveau métier, un stage d’observation, une période d’immersion, voire un transfert définitif dans une autre entreprise. À chaque fois, le salarié, en détachement ou en formation, conserve la possibilité d’un retour dans son entreprise.

Outils de GPEC territoriale

Chemin faisant, le petit club RH s’est doté d’outils de GPEC territoriale, comme ce répertoire de près de 600 de leurs métiers rendus compatibles avec le code Ro­me de Pôle emploi, ainsi que des projections de besoins en compé­tences et une bourse d’emplois commune. Alliance n’a pas de structure juridique : les entrepri­ses passent une convention d’engagement interdisant de faire de ce service l’instrument d’un PSE. Elles financent le poste de la chargée de mission qui, à la MDEF, a reçu une cinquantaine de personnes sur les 9 000 potentiellement concernées.

Le montant des cotisations, de 9 000 euros par entreprise, dissuade sans doute les petites PME de s’affilier. José Félix, le DRH d’Aldes (systèmes de ventilation, 400 salariés à Lyon) propose d’y remédier : « Nous devrons sans doute revoir ce coût ainsi que la publicité que nous consacrons à Alliance », admet-il. En attendant, Doméo a pris son adhésion. April est dans une situation intermédiaire d’observateur. Mais l’extension du réseau s’arrête là.

Redonner du sens

Les exemples de mobilité aboutie sont rares, mais parlants. Christine, 46 ans, voulait depuis longtemps troquer son job d’administration des ventes à l’export chez Merck pour celui de psycho­logue du travail. Elle s’y est mise par étapes. L’an dernier, Alliance lui a procuré un stage dans le service d’orientation Orange Avenir, en parallèle de sa formation au Cnam. Puis elle a accompli un CDD de six mois en tant que formatrice en projet professionnel dans une association lyonnaise. Christine a quitté son entreprise en acceptant une baisse de salaire de 1 000 euros par mois – compensée par une prime de départ rondelette : « J’ai enfin le sentiment d’avoir trouvé ma place au travail », jure-t-elle.

Quant à Benoît, un cadre télécom de 47 ans, il veut lui aussi redonner du sens à sa carrière : « J’ai déménagé huit fois en vingt-deux ans pour occuper différents métiers. J’aimerais à présent me stabiliser, tout en étant prudent dans mes choix. Alliance me sert à élargir mon réseau professionnel. »

Caroline Fabre, la chargée de mission de la MDEF, conçoit Alliance comme « un outil de développement professionnel sur mesure »: « C’est, dit-elle, la “cerise sur le gâteau” de la GPEC, le signe que l’entreprise s’engage vraiment. » Elle raconte comment les services RH travaillent avec elle pour trouver, au cas par cas, les aménagements adéquats afin de parer toute baisse de revenus durant la période où le salarié quitte son poste pour préparer la suite.

Auteur

  • LAURENT POILLOT