logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

AllemagneLE “PACTE DES GÉNÉRATIONS” SÉDUIT À LA DEUTSCHE POST

Pratiques | International | publié le : 25.02.2014 | MARION LEO

L’accord, signé par l’organisme postal et le syndicat Ver.di portant sur le maintien dans l’entreprise des seniors jusqu’à l’âge de la retraite et le recrutement de jeunes collaborateurs, a été adopté par l’ensemble des salariés du groupe.

Avec environ 200 000 salariés en Allema­gne et près d’un demi-million au total, Deutsche Post DHL est le sixième plus gros employeur au monde et l’une des entreprises allemandes les plus touchées par les effets de l’évolution démographique de la population.

« Notre succès repose essentiellement sur nos collaborateurs. Or ces derniers doivent souvent accomplir un travail physique exigeant. Nous nous sommes donc demandés comment maintenir en activité les collaborateurs plus âgés jusqu’à l’âge de la retrai­te [qui va progressivement être relevé de 65 à 67 ans entre 2012 et 2029, NDLR] et assurer ainsi le transfert des savoir-faire entre les générations », explique Anne Motz, porte-parole de Deutsche Post, précisant que l’âge moyen des salariés est de 44 ans chez les hommes et 46 ans chez les femmes. Pour relever ce défi, l’entreprise a signé en octobre 2011 un accord collectif inédit, baptisé “pacte des générations”, avec le syndicat des services Ver.di. « Cet accord poursuit une double stratégie, précise Hagen Lesch, chercheur à l’Institut d’économie allemagne IW à Cologne. Si le nombre de jeunes travailleurs qualifiés recule, les travailleurs plus âgés doivent travailler plus longtemps. Mais cela n’est possible que s’ils restent en bonne santé. Il est donc nécessaire de réduire leur charge de travail physique. Mais personne n’ignore le fait qu’une partie des salariés ne sera pas en mesure de travailler jusqu’à 67 ans. Il convient donc de trouver des solutions permettant à ces derniers de partir en préretraite. »

Double exigence

Selon le chercheur, Deutsche Post et Ver.di sont parvenus à répondre à cette double exigence, en combinant dans leur accord deux instruments connus : la formule légale de retraite à temps partiel (Altersteilzeit) et les comptes épargne-temps (CET).

Concrètement, le modèle, qui s’applique à 130 000 salariés en Allemagne, comprend trois phases. Première étape : les salariés qui le souhaitent ouvrent un CET sur lequel ils versent une partie de leurs revenus bruts annuels (entre 2 % et 30 % par an). Le compte est rémunéré. Deuxième étape : en fin de carrière, les salariés âgés d’au moins 59 ans réduisent de 50 % leur temps de travail. Grâce à un complément de salaire versé par l’entreprise, ils perçoivent entre 79 % et 87 % de leur dernier salaire net (le rattrapage est plus élevé pour les bas salaires). Pour financer cette mesure, la poste allemande a créé un “fonds démographique” sur lequel elle a versé 20 millions d’euros en 2011. Depuis 2013, elle y verse chaque année 200 euros par salarié. Dernière phase : en fonction des droits à congé accumulés sur leur compte épargne temps, les salariés peuvent partir en retraite anticipée sans perte de revenus. Par ailleurs, l’entreprise s’est engagée à embaucher en CDI et à temps plein les apprentis ayant débuté leur cursus en 2010 et 2011 et ayant obtenu leur diplôme, soit 2 580 jeunes selon Ver.di.

Un accord bien perçu

Aujourd’hui, les signataires dressent un bilan positif de leur accord, qui a reçu en mars 2013 le prestigieux “Prix de l’innovation de l’économie allemande”. « L’accord est bien perçu par les salariés. Plus de 16 000 d’entre eux ont ouvert un compte épargne-temps. Et près de 1 300 travaillent déjà à temps partiel en fin de carrière. C’est un vrai succès ! », se félicite Stephan Teuscher, négociateur en chef de Ver.di. « Ce pacte permet non seulement aux salariés plus âgés de travailler jusqu’à l’âge de la retraite, mais il offre aussi une perspective aux autres générations en leur montrant que cet objectif est réalisable », déclare la porte-parole de l’entreprise postale, ajoutant que la société avait également embauché en 2012, en CDI et à temps plein, plus de 1100 apprentis (ceux de 2010) à l’issue de leur formation professionnelle : « C’est l’autre volet du pacte des générations. »

Auteur

  • MARION LEO