Ou bien l’auteure d’Absolument débordée et de Ta carrière est fi-nie a fait des émules, ou bien la fonction publique territoriale est décidément un bien triste endroit pour exercer ses talents. Sur le même ton ironique qui a fait le succès des ouvrages précités, l’auteur raconte dix années passées dans une mairie, d’abord au service environnement puis placardisé dans une arrière-cour déserte au service fournitures pour avoir dénoncé la “combinazione” – qui consiste à en faire le moins possible en se donnant des airs importants – et les échanges de bons services entre l’équipe municipale et des entreprises privées.

Pour tromper l’ennui et vaincre sa déprime, l’auteur a entrepris de raconter sa mésaventure dans un ouvrage d’abord publié à compte d’auteur sous le pseudonyme d’Henri Rouant-Pleurer (entendre “en rire ou en pleurer”), qui lui valu dix-huit mois de mise à pied, dont six avec sursis. Cet ouvrage, auquel la mairesse, par son acharnement à s’en venger devant les tribunaux, a fait une importante publicité, est aujourd’hui publié par un vrai éditeur.

Le moins que l’on puisse dire est que les édiles n’en sortent pas grandis et que les administrés sont finalement les dindons de la farce. L’auteur insiste également sur la nécessité pour rester en poste dans la fonction publique d’éviter de dénoncer les abus de pouvoir, le harcèlement moral et l’incompétence. De quoi alimenter la rancœur nationale contre les fonctionnaires chez tous ceux qui ne travaillent pas dans la fonction publique !

On ne réveille pas un fonctionnaire qui dort

Jérôme Morin, l’Archipel, 204 pages, 17,95 euros.