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EN ROUMANIE, LA MIXITÉ EN HÉRITAGE

Enquête | publié le : 18.02.2014 | E. F.

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EN ROUMANIE, LA MIXITÉ EN HÉRITAGE

Crédit photo E. F.

Legs de l’époque communiste, les usines Renault de Dacia comptent presque un tiers d’ouvrières. Preuve que la mixité est une question culturelle et n’est pas déterminée par la nature du travail.

Les usines roumaines de Renault qui produisent la marque Dacia comptent trois fois plus d’ouvrières que ses usines françaises. Pourtant, la filiale du constructeur, dont les 17 000 salariés fabriquent notamment des Logan et des Duster, ne fait pas d’efforts démesurés pour féminiser ses cols bleus. C’est qu’elle bénéficie d’un avantage historique sur la maison mère : quarante ans de communisme.

Renault Roumanie emploie 29 % de femmes dans le département fabrication, tandis que Renault ne compte en France que 9 % d’ouvrières. Or les conditions de travail dans les usines roumaines ne sont pas plus attractives pour les femmes qu’en France. Ce serait même plutôt l’inverse : « Nous n’avons pas atteint le même niveau d’automatisation qu’en France », relève Dana Oprisan, DRH Roumanie de la marque au losange.

Efforts de valorisation

En outre, la filiale roumaine ne mène pas de politique particulière pour susciter des candidatures d’ouvrières - pas plus que Renault en France, d’ailleurs. « Nous faisons des efforts pour valoriser les ouvrières : l’année dernière, nous avons organisé un gala pour les opératrices, et nous disposons d’un processus spécifique pour leurs carrières », fait cependant valoir Dana Oprisan. Pas de quoi justifier un tel écart de mixité.

L’explication ? « Quarante ans de régime communiste et sa culture de l’égalité dans l’éducation et au travail. Même si nous en sommes sortis en 1989, nous avons par exemple conservé l’habitude d’orienter les filles vers des études techniques », témoigne la DRH, elle-même de formation scientifique. À l’appui de cette explication, il faut noter que les usines russes de Renault emploient également beaucoup d’ouvrières.

Les difficultés à féminiser les métiers techniques ne proviendraient donc pas des conditions dans lesquelles s’exercent ces métiers, mais des représentations dont ils font l’objet. « C’est une hypothèse », admet Florence Chappert, responsable du projet conditions de travail des femmes et des hommes à l’Anact. En toute hypothèse également, l’occupation de postes “physiques” par des femmes, sans aménagement particulier devrait se traduire, compte tenu de leur plus faible force physique, par un surcroît d’affections. Dana Oprisan déclare ne pas savoir si tel est le cas, « mais nous essayons de placer les femmes à des postes qui nécessitent moins d’efforts physiques ». Ce qui explique que l’atelier peinture compte 66 % de femmes, mais la tôlerie seulement 13 %. Elles sont 34 % au montage, 30 % à la qualité, 28 % à l’emboutissage.

Améliorer la qualification

La féminisation des postes d’ouvriers n’est donc pas un enjeu pour la direction roumaine. Il en est autrement pour les postes de techniciens et d’ingénieurs. La filiale suit le programme mondial Women@Renault, qui fixe notamment comme objectif d’atteindre 30 % de femmes recrutées dans ces postes. Or ces dernières ne représentent que 19 % des recrutements d’ingénieurs et de profils techniques (28 % des effectifs), en Roumanie. Par ailleurs, les femmes représentent 85 % des recrutements dans la force de vente, largement au-delà de l’objectif de 50 % fixé par Women@Renault. À noter, enfin, que les femmes ne représentaient “que” 20 % des ouvriers recrutés en 2012.

Auteur

  • E. F.