À Limoux (Aude), une fabrique de tuiles du groupe Monier, qui emploie 80 salariés, combat avec succès le fléau des trou– bles musculo-squelettiques. L’entreprise fait figure de modèle : des accidents du travail quasi inexistants, une attention constante portée à la sécurité. Mais, sur des postes exigeant des manutentions, des ouvriers se sont plaints de douleurs et de fatigue. En 2011, la reconnaissance d’une maladie professionnelle a entraîné une augmentation des cotisations de l’employeur au titre des AT-MP.

Dès les premières plaintes, le secrétaire du CHSCT a convaincu sa direction d’étudier le problème de près. Formé par la Carsat à l’analyse de poste, il a lui-même réalisé un premier diagnostic. Celui-ci a montré que les char­ges manipulées étaient élevées dans deux activités, les seules qui ne peuvent être automatisées : l’empilage et le dépilage des tuiles de faîtage et de rive, ainsi que la préparation de commandes sur mesure pour la construction de maisons. En 2013, cette analyse a été complétée par un ergonome, qui a interrogé les salariés, les a photographiés et filmés, pour détailler précisément tous leurs gestes, à chaque étape de leur travail.

Un comité de pilotage “sécurité” a assuré le suivi de la démarche chaque mois, mais c’est le CHSCT qui a constitué l’instance de concertation essentielle, où le diagnostic et les plans d’action successifs ont été débattus. « C’est un CHSCT pluridisciplinaire, auquel sont invités le médecin du travail, l’inspecteur du travail et moi-même, souligne Bernard Guyader, contrôleur de sécurité de la Carsat Languedoc-Roussillon. Nous échangeons des informations dans la transparence. Le directeur demande au respon­sable de la fabrication de participer aux réunions pour discuter des aménagements techniques à réaliser. Le délégué syndical et les délégués du personnel sont présents. Le CHSCT est le moteur qui nous a permis d’avancer dans la recherche de solutions. »

L’entreprise ne s’est pas contentée de faire tourner les salariés sur les postes les plus pénibles. Elle a aménagé ceux-ci : réduction des cadences sur l’empilage-dépilage des tuiles, mise en place d’une aide à la manutention (table tournante à hauteur variable) pour la préparation de commandes, achat de tapis de sol “antifatigue”, de sièges ergonomiques “assis-debout”… Actuellement, les efforts portent sur l’allègement des tuiles les plus lourdes, soit 5 % de la production, en modifiant leur épaisseur, ainsi que sur la programmation d’un robot, qui sera chargé de tourner une partie des tuiles. Ces nouvelles mesures, étudiées et réalisées en interne, seront mise en œuvre en 2014.

Cette démarche a valu à l’entreprise un “challenge de la prévention”, décerné par la Carsat Languedoc-Roussillon le 5 décembre 2013. Le groupe Monier (850 salariés) envisagerait de l’étendre à d’autres établissements.