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Enquête

UN PLAN RECENTRÉ SUR L’ACCOMPAGNEMENT

Enquête | publié le : 11.02.2014 | É. S.

Le plan de départs volontaires du voyagiste a été homologué début janvier. Les échanges avec la Direccte ont conduit la DRH à revoir à la hausse les mesures du PSE en donnant la priorité à l’accompagnement sur le montant des indemnités.

Début septembre 2013, lorsque la direction de TUI France (Nouvelles Frontières, Marmara…) annonce son intention de supprimer 306 postes, via 274 départs volontaires et des transferts en franchise, les organisations syndicales, invitées à négocier les mesures d’accompagnement du PSE, réagissent vertement. « Nous avons connu huit PSE en dix ans. Pour nous, c’était le plan de trop », explique Lazare Razkallah, délégué syndical CGT (majoritaire). Après deux réunions, les syndicats décident de ne pas poursuivre la négociation. En parallèle, un appel à la grève est lancé par la CGT et FO. Mi-septembre, alors que démarre le processus d’information-consultation du CE, les salariés débrayeront dans plusieurs dizaines agences.

Un plan unilatéral

Ce conflit surprend la DRH, Isabelle Michalak, puisqu’il « s’agissait de faire des départs volontaires, sans licenciements contraints ». Le précédent PDV, en 2012, avait même été victime de son succès, conduisant à davantage de départs (plus de 500) que de postes supprimés. En tout état de cause, cet épisode marque l’abandon de la voie négociée. TUI France soumet donc à la consultation du CE son plan unilatéral. Et démarre un cycle d’échanges avec l’unité territoriale 92 de la Direccte Ile-de-France. En premier lieu, Isabelle Michalak lui soumet son calendrier d’information-consultation du CE. « Elle l’a validé, et le CE l’a suivie. Il a rendu son avis le 12 décembre. »

Les discussions avec les pouvoirs publics aboutissent aussi à revoir assez largement le contenu du PSE, poursuit-elle. « Au départ, nous pensions proposer aux salariés de choisir entre un haut niveau d’indemnisation et des mesures d’accompagnement. La Direccte nous a tout de suite demandé de mettre tous nos efforts sur l’accompagnement. » Au final, la prime de départ correspond à un mois de salaire par année d’ancienneté, indemnité légale comprise. Au grand regret de Lazare Razkallah : « C’est largement en deça de ce que nous avions obtenu les années précédentes. »

Mais le syndicaliste constate que l’intervention de la Direccte a été plus « fructueuse » sur le volet accompagnement, puisqu’elle a conduit TUI France à améliorer sensiblement la durée du congé de reclassement. De 9 et 12 mois (pour les plus de 50 ans) initialement, celle-ci sera finalement portée à 11 et 15 mois. « Elle demandait encore davantage », confie la DRH. Qui détaille les autres avancées consenties : « Nous avons par exemple neutralisé la période d’essai pour les salariés qui partent pour un CDI : si celle-ci est rompue, ils réintègrent le congé de reclassement dès le début. La Direccte nous a également incités à mutualiser les budgets formation, soit 10 000 euros par personne, pour pouvoir éventuellement financer des formations plus coûteuses. »

Le PSE, homologué le 3 janvier, coûtera par conséquent plus cher que prévu. Mais, pour la DRH, l’intervention de la Direccte reste une bonne chose : « C’est un tiers extérieur qui temporise, recrée de la discussion quand la négociation n’est pas possible. Elle a joué un rôle pédagogique vis-à-vis des syndicats. »

Ceux-ci regrettent toutefois l’homologation du PSE. Le montant des indemnités n’est pas la seule raison de déception de Lazare Razkallah : « Nous avons eu quatre entretiens avec la Direccte et 18 réunions de CE. Malgré cela, nous n’avons pas pu faire bouger la direction sur la réorganisation et le nombre de postes supprimés. La Direccte nous expliquant que cela ne rentrait pas dans son champ d’intervention, la direction attendant la fin des procédures. Avec la loi de sécurisation, il n’y a plus que les mesures d’accompagnement au départ qui comptent ».

Reste maintenant à voir si le PSE ainsi remanié aura le succès escompté. Fin janvier, 45 demandes de départ étaient enregistrées, et une trentaine de dossiers acceptés. Isabelle Michalak continue de chercher des partenariats avec d’autres entreprises pour trouver un maximum de débouchés aux salariés. Après la Maif (lire Entreprise & Carrières du 3 décembre 2013), la SNCF, Century 21, Nexity et Securitas ont répondu à l’appel de la DRH pour proposer leurs postes aux candidats au départ. L’enjeu est de taille, relève Lazare Razkallah : « La direction a été claire : si le PDV ne fait pas le plein, il y aura un nouveau PSE. »

TUI FRANCE

• Activité : tour-opérateur.

• Effectif : 1 016 salariés.

• Chiffre d’affaires 2012-2013 : 850 millions d’euros.

Auteur

  • É. S.