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Enquête

DES DIAGNOSTICS POUR ORGANISER LES PRIORITÉS DE PRÉVENTION

Enquête | publié le : 04.02.2014 | V. L.

Le spécialiste de la valorisation des déchets a élaboré un prédiagnostic de la pénibilité pour 60 postes différents, servant de base aux travaux à mener dans les régions.

Spécialiste de la gestion et de la valorisation des déchets, Sita France, filiale de Suez Environnement, s’est engagée dans une démarche de prédiagnostic des situations de pénibilité au niveau du groupe, avec la volonté d’améliorer les conditions de travail dans leur ensemble, sachant que ce travail servirait de boîte à idées aux diagnostics réalisés dans les régions et les pôles spécialisés.

Sur plus de 20 000 salariés en France, 48 % travaillent à l’exploitation et à la production sur site (tri, traitement, recyclage, etc.) et 20 % dans le domaine de la collecte et du transport des déchets. Équipiers de collecte, trieurs, personnel d’usine en 3 × 8 peuvent être soumis à différents facteurs de pénibilité : gestes répétitifs, travail de nuit, bruit, postures pénibles, notamment.

« Nous avons déterminé des seuils de déclenchement d’actions de prévention en associant les CHSCT, et, si l’on constate une valeur limite d’exposition supérieure à la norme, nous engageons des actions prioritaires sur ce risque », indique Faroudja Kicher, directrice du développement social.

Analyse approfondie

Pour réaliser sa cartographie des risques, Sita s’est appuyée sur 200 études déjà réalisées pendant plusieurs années. De plus, elle a mobilisé son réseau de 200 préventeurs pour élaborer ce prédiagnostic, en analysant 60 postes différents.

D’ores et déjà, dans les centres de tri, « nous organisons aussi des travaux avec des ergonomes, nous constituons des groupes de travail avec les salariés afin d’observer les situations de travail et de détecter les pistes d’amélioration, relate Soizic Verheye, chef de projets santé-sécurité. Par exemple, pour soulager le geste d’un opérateur sur un tapis de tri, il a suffi de placer une cloison afin que les déchets se positionnent plus près de lui. »

Autre exemple, la région Sud-Ouest mène des actions de prévention avec un kinésithérapeute, qui préconise certains mouvements d’échauffement et des étirements. Sans compter la modernisation de centres de tri pour intégrer la prévention dès la construction des usines.

Par ailleurs, la polyvalence, qui répond à un besoin de l’entreprise, est déployée dans tous les métiers. « Et, quand ils le peuvent, les salariés s’organisent pour ne pas faire toujours le même geste et alterner les tâches », précise Soizic Verheye. Le taux de fréquence des accidents du travail est passé de 31 en 2008 à 23,67 en 2012.

« Dans les plans d’action et les accords que Sita conclut, il y a toujours une partie consacrée à la prévention pure – l’ergonomie, les ports de charge, les aménagements d’équipements – accompagnée d’un volet RH: on ne peut pas déconnecter la pénibilité de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, des mesures en faveur des seniors, de la formation et de la qualité de vie au travail », commente Faroudja Kicher.

Sita met l’accent sur les accompagnements de fin de carrière avec des comptes épargne-temps (25,6 % de l’effectif est âgé de plus de 50 ans). Des dispositifs de formation, via par exemple l’école des métiers, et des plans d’action qualité de vie au travail existent également.

Dans son accord “sur la mobilité de l’emploi dans un contexte de transformation”, signé le 11 décembre 2013 par trois syndicats sur cinq, l’entreprise promeut une « mobilité interne renforcée » et le développement de formations d’adaptation et de reconversion.

Dans la filiale incinération des déchets, Novergie, un accord relatif à la pénibilité prévoit, à côté des diverses actions visant à réduire les polyexpositions aux facteurs de pénibilité, un chapitre dédié aux aménagements de fins de carrière et au tutorat, ainsi qu’un chapitre consacré au développement des compétences et des qualifications: « Tant la formation que la mobilité peuvent permettre de développer l’employabilité et, par conséquent, contribuer à lutter contre la pénibilité », énonce le texte.

Mais le sujet de la compensation, lui, a été reporté: « Nous attendons la publication des décrets relatifs au compte personnel de prévention de la pénibilité, indique André Veglianti, délégué syndical Unsa de Novergie. Jusqu’à présent, nos demandes concernant des départs anticipés n’ont pas abouti. »

Des mutations difficiles

Son collègue de la CGT Franck Reinhold Von Essen, délégué syndical pour la région Sud-Ouest pour Novergie et secrétaire adjoint de l’instance nationale de dialogue Sita, souligne de son côté la difficulté, pour des métiers très faiblement qualifiés, de bénéficier de formations passerelles vers d’autres métiers. « Pour l’instant, certaines mutations peuvent se faire vers des outils de traitement plus mécanisés, mais alors, on a besoin de moins de main-d’œuvre. De plus, les situations peuvent être très contrastées entre un centre moderne où la protection collective aura été intégrée et un autre plus ancien ouvert à tous vents. » Quant aux inaptitudes, difficile souvent de reclasser les salariés, selon lui, sans que cela ne soit de la mauvaise volonté de la part de l’entreprise.

« Quand une mobilité externe est nécessaire, par exemple dans les cas d’inaptitude, nous essayons de le faire dans les meilleures conditions, affirme Faroudja Kicher. Nous pouvons dialoguer avec des représentants du tissu d’emploi local, et nous disposons d’une entreprise d’insertion par l’activité économique, Sita Rebond, qui peut nous aider », explique-t-elle.

SITA FRANCE

• Activité : valorisation des déchets.

• Effectif : plus de 20 000 salariés en France.

• Chiffre d’affaires : n. c.

Auteur

  • V. L.