Le numérique transforme l’entreprise. Si les directions des ressources humaines apparaissent assez conscientes des enjeux de cette mutation, nombreuses sont encore celles qui, sur le terrain, n’y prennent pas une part active (lire l’entretien ci-contre). Pourtant, selon la 3^e édition de l’Observatoire des DRH et de l’e-transformation* réalisé par le cabinet Arctus (société de conseil dans l’utilisation des nouvelles technologies), les DRH interrogés se perçoivent comme très impliqués dans les projets de déploiement de nouveaux outils, considérant majoritairement leur rôle comme moteur ou accompagnateur de cette transformation (voir l’infographie).

Ils s’estiment, à 79 %, plus mobilisés que la direction générale sur ces sujets, et même plus ouverts à la “digitalisation” que les managers et salariés… « Dans les cas les plus avancés, il existe un triumvirat vertueux entre la direction de la communication, la DRH et la direction des systèmes d’information, constate Isabelle Reyre, directrice associée du cabinet Arctus. Les DRH ont sans conteste un rôle d’entraînement vis-à-vis de leur direction générale pour participer à l’engagement de leur structure dans ces évolutions. »

Les résultats de l’étude montrent, en tout cas, que les entreprises s’appuient progressivement sur le déploiement d’outils numériques pour fluidifier le management et partager l’information, le collaboratif étant vécu comme un facteur positif de transformation.

Ces nouvelles pratiques favorisent d’ailleurs la génération d’idées. Et l’innovation participative gagne du terrain : 34 % des répondants disent avoir déjà mis un tel dispositif en place, et 26 % déclarent avoir un projet dans ce domaine. Les outils numériques les plus utilisés sont, dans l’ordre, les forums et FAQ d’échange, les boîtes à idées et les wikis.

Cependant, les priorités d’action des DRH se recentrent actuellement sur le développement des expertises et des talents. « Se mobiliser sur des actions très concrètes est une réaction à la crise, période où il faut capitaliser sur les forces internes », confirme Isabelle Reyre. Du reste, l’amélioration des processus RH demeure aussi un enjeu majeur pour les DRH.

Les communautés de pratiques, les espaces collaboratifs de partage d’expériences ou les bases de contenus pédagogiques (outils de knowledge management, vidéos…) sont les trois premiers outils numériques déployés pour assurer le transfert de compétences. 75 % des responsables interrogés déclarent disposer d’espaces collaboratifs consacrés à leurs fonctions ou missions, en tête desquelles la formation, la gestion des talents et l’intégration des nouveaux arrivants. « Ces espaces peuvent devenir de véritables réseaux sociaux d’entreprises (RSE) à partir du moment où les membres y commentent les contenus, font part de leur expertise dans une dimension sociale », commente Isabelle Reyre. Mais elles ne sont que 25 % à avoir mis en place un véritable RSE.

Pour le cabinet de conseil en organisation Lecko, qui vient justement de publier une enquête sur le déploiement des RSE au sein des sociétés du CAC 40 (lire l’encadré p. 4), « les réseaux sociaux d’entreprise ont acquis une vraie légitimité et font la preuve de leur utilité en étant des lieux de productivité personnelle et collective qui permettent de capitaliser les savoirs informels et maximiser les synergies ».

Si les DRH ne s’investissent pas encore dans ces projets-là, ils sont toutefois massivement convaincus, selon l’observatoire d’Arctus, que les technologies numériques constituent des opportunités pour le développement de l’attractivité de l’entreprise et celui de l’intelligence collective.

Le cabinet de conseil Lecko a passé au crible dix RSE d’entreprises du CAC 40. Et constate que les directions générales et les DSI restent les principaux initiateurs et sponsors de ces projets, suivies par les directions métiers et celles de la communication. Les DRH sont encore étonnamment peu investies dans ces démarches. Reste que le nombre d’utilisateurs actifs sur les RSE et leur taux d’engagement augmentent, traduisant une réelle transformation des organisations. Sept répondants à l’enquête sur dix estiment les résultats de leur RSE « encourageants » ou « prometteurs ».

De plus, Lecko a comparé une vingtaine de RSE de grandes entreprises comprenant 3 200 communautés et 25 000 utilisateurs actifs. Le cabinet constate le besoin essentiel de création d’espace de partage simple dans les organisations. La multiplicité de ces espaces facilitant l’adoption par les utilisateurs.