E & C : Les DRH ont-ils aujourd’hui intégré les enjeux des technologies numériques ?

F. S. : Ils ont bien compris le besoin d’excellence lié aux processus de paie et de gestion administrative du personnel, qui sont lourds et coûteux à outiller, ils ont, de fait, une maturité sur ces questions. En revanche, ils s’investissent peu dans les projets collaboratifs de type RSE. Cela fait pourtant une trentaine d’années qu’on parle de leur rôle de partenaire stratégique de la direction. Or ces technologies ne touchent pas seulement les organisations. La plupart des entreprises sont directement confrontées à un changement de business model, comme en témoignent La Redoute ou Kodak. Il ne s’agit pas simplement d’une mutation qui s’opère à travers les outils numériques, mais d’une évolution des mentalités, des comportements, des compétences, des façons de travailler et de prendre des décisions… Et, dans ce domaine, les DRH en sont à la prise de conscience.

E & C : Quel rôle le DRH doit-il jouer dans cette mutation ?

F. S. : Il s’inscrit dans la conduite du changement. Si on se contente de mettre en place des outils sociaux, on n’ira pas très loin.

La fonction RH doit évaluer la situation et penser à des actions correctrices. L’objectif est de susciter les comportements collaboratifs et de valoriser la contribution de chacun au collectif. De fait, les outils et méthodes d’évaluation centrés sur l’individu ne sont plus adaptés, ce qui implique de réfléchir à la façon de les faire évoluer. Il faut aussi pouvoir mesurer la surcharge informationnelle et favoriser non pas la communication, mais la relation et le contact. Sans oublier d’accompagner et de former les managers en conséquence. C’est tout cela, l’entreprise numérique.