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« La non-reconnaissance du burn-out coûte cher à l’assurance-maladie »

Actualités | L’interview | publié le : 28.01.2014 | ROZENN LE SAINT

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« La non-reconnaissance du burn-out coûte cher à l’assurance-maladie »

Crédit photo ROZENN LE SAINT

E & C : Votre cabinet vient de publier une étude qui révèle que 12,6 % des actifs, soit 3,2 millions de Français, encourent un burn-out. Comment expliquer ce risque élevé ?

J.-C. D. : L’Allemagne et la Belgique se situent au même niveau que nous. D’abord, le niveau de chômage, la peur de perdre son emploi et d’être socialement déclassé qu’il engendre contribuent à ce résultat. Ensuite, avec le surgissement des nouvelles technologies, les temps s’entrelacent, le travail s’immisce dans la vie privée et psychique de l’individu. Or le burn-out est justement le résultat d’un manque de récupération.

E & C : Quelles professions sont les plus exposées ?

J.-C. D. : Les agriculteurs sont les plus touchés avec 23,5 % de risques. Leur lieu de vie et de travail se confond… Les chefs d’entreprise, artisans et commerçants sont concernés à 19,7 %, car ils s’investissent énormément, portent l’angoisse de l’échec. Mais ils trouvent une capacité de récupération dans l’autonomie de la décision et le fait qu’ils n’ont pas à supporter de hiérarchie, ce qui leur apporte du plaisir au travail et une reconnaissance, véritables antidotes au surengagement. En revanche, les cadres, dont 19 % seraient exposés au burn-out, sont à la peine, car les exigences des firmes et le degré de reporting sont de plus en plus élevés, et les valeurs de l’entreprise ne correspondent pas forcément aux leurs.

E & C : Pourquoi seuls quelques dizaines de cas sont-ils reconnus chaque année ?

J.-C. D. : Le système actuel est totalement injuste et inadapté. Pour obtenir une reconnaissance de pathologie professionnelle, la victime de burn-out doit démontrer que le travail est le facteur essentiel et direct de sa dépression. Sa maladie doit générer 25 % d’incapacité professionnelle, c’est énorme. Sur le plan physique, 20 % d’incapacité équivaut à une main arrachée. C’est un déni social coûteux pour l’assurance-maladie, qui finance les arrêts alors que cela devrait être aux entreprises qui malmènent leurs salariés de mettre la main au porte-monnaie, via la branche AT-MP. Nous appelons à la création de trois tableaux de maladie professionnelle : deux liés à la dépression d’épuisement et au stress post-traumatique dans un premier temps, car les symptômes sont facilement caractérisables. Dans un second temps, nous aimerions que l’anxiété généralisée soit également reconnue. Il faut lancer le débat.

Auteur

  • ROZENN LE SAINT