Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB), la société qui construit, développe et aménage les installations aéroportuaires pour les compagnies aériennes, a signé un accord sur l’égalité professionnelle en février 2012, concrétisation d’un mouvement engagé quelques années plus tôt. « Ayant dépassé 300 salariés, ATB était soumis à l’obligation de signer un accord, explique Christine Courade, directrice des ressources humaines. Cependant, nous avions déjà conscience de la nécessité d’améliorer la mixité de nos emplois, traditionnellement très masculins, et avions fait un état des lieux des rémunérations hommes-femmes dès 2010. »

Une commission égalité professionnelle, constituée de quatre élus du CE (CFDT, Unsa et CFE-CGC), a mené à partir de mi-2011 un diagnostic qui a permis de recenser les actions déjà en place : l’embauche à salaire identique des candidats de compétences et d’expériences similaires, la recherche d’un rééquilibrage de la mixité des emplois lors des recrutements, la rédaction d’offres d’emploi neutres, l’allocation d’une enveloppe spéciale pour réduire les inégalités de salaire femmes-hommes…

La commission a proposé des pistes d’amélioration, discutées par les organisations syndicales, qui ont toutes signé l’accord. « ATB est dans une situation financière confortable, ce qui permet de dialoguer de façon sereine », observe Christophe Gras, DP CFE-CGC. « Nous avons un dialogue de confiance avec notre direction », confirme Gilles Scudier, DP Unsa.

L’accord fixe des objectifs chiffrés. Celui de réduire les écarts de salaire femmes-hommes de 9 % à 6 % d’ici à 2014 a été dépassé : il est descendu à 5,13 % fin 2013. Une enveloppe spécifique de 0,3 % des NAO a été consacrée en 2012 et 2013 aux femmes cadres, les plus concernées par les inégalités salariales, permettant à cet écart de passer de 11 % à 9,5 %. Des entretiens pré et post-congé maternité ou parental visent à éviter leur impact sur la rémunération.

Une amélioration du taux de formation des femmes a aussi été visée: au moins 45 % des femmes devaient bénéficier d’une formation par an, contre 40 % en 2011. Objectif dépassé, puisqu’en 2012, 69 % des femmes ont pu être formées.

Du côté de l’augmentation de la mixité des équipes, les résultats sont moins convaincants. « Dans les métiers pour lesquels on recrute, il n’y a que des hommes sur le marché, se désole la DRH. On n’a réussi à recruter qu’une femme technicienne de maintenance des installations. » Pour les postes d’accueil, très féminisés, l’entreprise a reçu trop peu de candidatures masculines pour en embaucher.

L’incitation des hommes à profiter du congé parental n’a pas été un grand succès non plus. En un an, cinq femmes et un homme ont demandé à en bénéficier, à temps partiel. En revanche, la limitation des réunions tardives a bénéficié à tous.

L’accord incluait aussi des engagements de principe à lutter contre les incivilités, les propos et les images sexistes sur les lieux de travail. « Maintenant, quand quelqu’un tient des propos sexistes dans une réunion, il est aussitôt repris par un voisin… ou se reprend lui-même, affirme Christine Courade. Les organisations syndicales soutiennent cette démarche et reconnaissent que ces comportements ne doivent en aucun cas être banalisés. » Celles-ci ont aussi été encouragées à présenter des listes paritaires aux élections professionnelles de mai 2012. Si le CE compte désormais 50 % de femmes, il n’y a encore aucune femme déléguée syndicale.

L’entreprise a été récompensée le 4 décembre par le deuxième prix de l’égalité professionnelle de la région Midi-Pyrénées pour sa lutte contre les stéréotypes liés au sexe, son action pour une plus grande mixité des métiers et l’articulation entre vie privée et vie professionnelle.