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SAINT-MEDARD-EN-JALLES S’ATTAQUE AUX TMS

Pratiques | publié le : 14.01.2014 | ÉRIC DELON

La commune girondine commence à récolter les fruits d’une démarche participative d’analyse du travail pour prévenir les troubles musculo-squelettiques (TMS) de ses agents.

La mairie de Saint-Médard-en-Jalles (Gironde) a obtenu en 2013 le troisième prix Santé au travail de la fonction publique territoriale, organisé par la Mutuelle nationale territoriale, pour sa démarche de prévention des TMS engagée depuis deux ans. En avril 2011, cette commune de 27 000 habitants (700 agents municipaux) engageait ce qu’elle qualifiait d’« analyse exhaustive » au sein de ses services, afin de formuler des mesures de prévention des TMS. L’objectif étant de diminuer sensiblement les seuils de pénibilité dans trois services spécifiquement touchés par les reclassements professionnels : cuisine centrale, espaces verts et éducation (soit 150 agents).

Groupes de travail par métier

Ergonome, Émilie Bisson est alors missionnée pour analyser sur le terrain les conditions de travail de ces agents municipaux. « J’ai fait état de mon diagnostic aux agents concernés dans le cadre de groupes de travail répartis par métier, auxquels participaient des préventeurs, mais sans la présence de la direction, afin que la parole soit libre », explique l’ergonome, recrutée depuis par la commune. À l’issue de ces réunions, des solutions concrètes d’amélioration des conditions de travail sont proposées. « Sur l’ensemble de ces propositions, 70 % émanaient des agents, 30 % provenaient des spécialistes de la prévention », explique Émilie Bisson.

De manière concomitante depuis le début de la démarche, un comité de pilotage (copil) composé de membres de la direction, des représentants du personnel et du service prévention, se réunissait tous les trois mois afin de faire le point sur l’avancée du processus et valider (ou non) sur un plan technique et financier les plannings et les recommandations émis par les groupes de travail.

Lors du dernier copil, en novembre 2012, qui avait pour mission de réaliser un bilan global de la démarche de prévention, trois types de recommandations ont été arrêtés. Des préconisations techniques (adaptation du matériel), organisationnelles (modification des procédures de travail) et humaines (formation des agents). C’est ainsi que la cuisine centrale a investi dans deux chariots à niveau constant pour limiter les flexions du tronc et qu’une rotation du personnel a été instaurée sur les postes physiquement éprouvants.

Du côté des écoles, des Asem (Agents spécialisés des écoles maternelles) ont suivi une formation à la prévention des TMS. « Parallèlement, des chaises de réfectoire jugées trop lourdes par les agents qui devaient les déplacer pour nettoyer le sol ont été remplacées par des chaises plus légères », explique Émile Bisson, qui se réjouit du succès de l’ensemble de cette démarche à forte connotation « participative ».

« J’ai réalisé de nouvelles cotations de pénibilité cet automne. Sur de nombreux items, on est passés du rouge au jaune. Tous les indicateurs ne sont pas encore au vert. Par ailleurs, nous avons enregistré une légère baisse des accidents de travail en 2013 », reconnaît-elle.

Côté syndicat, si on se réjouit de la réalisation de cette démarche de prévention, on estime que la municipalité pourrait aller beaucoup plus loin pour favoriser le bien-être des salariés.

« Le CHSCT n’est pas l’instance de prévention qu’il devrait être, faute de moyens. Beaucoup de nos collègues ne sont pas reclassés et se retrouvent sur la touche, regrette Chrystelle Bouhier, secrétaire départementale du syndicat SUD. La démarche de prévention des TMS a généré beaucoup de « réunionite ». Par ailleurs, nous aimerions aborder sérieusement les risques psychosociaux, ce que la mairie se refuse à faire jusqu’à présent. »

Auteur

  • ÉRIC DELON