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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

« Le CPF : un CIF en moins bien »

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Interview | publié le : 14.01.2014 | L. G.

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« Le CPF : un CIF en moins bien »

Crédit photo L. G.

E & C : Vous êtes très pessimiste sur l’avenir du CPF. Pourquoi ?

D. C. : Parce que le CPF est le plus mal né de tous les dispositifs ! Il n’est pas financé : 800 millions d’euros est une somme dérisoire pour former 16 millions de salariés bénéficiaires potentiels, et 28,5 millions d’actifs au total. Il déshabille les budgets formation des entreprises pour rhabiller Pôle emploi, qui ne parvient pas aujourd’hui à dépenser ses budgets pour les chômeurs. Il n’est ni construit ni même pensé pour fonctionner correctement avant longtemps : personne ne pourra recueillir les demandes de formation si l’employeur ne le fait plus. Il s’appuie sur des services publics qui seront incapables de tenir d’une façon fiable les compteurs formations avant des lustres. Au final, il ne sert qu’à la communication gouvernementale et, peut-être, à faire baisser les charges formation des grandes entreprises, mais certainement pas à déployer une formation utile et accessible à tous.

E & C : Le CPF est, selon vous, un CIF en moins bien ?

D. C. : En effet, le CPF réinvente à la baisse le CIF, qui permet à un salarié de partir en reconversion professionnelle durant trois à neuf mois tout en étant rémunéré comme s’il était au travail. Le CPF devrait lui aussi permettre de partir en formation, mais pour une durée bien plus courte (150 heures soit 20 jours au maximum), ceci sans aucune rémunération ou allocations, sauf si, par extraordinaire, un employeur décidait de l’accorder sur le temps de travail avec le maintien de la rémunération de son salarié durant quatre semaines. Par ailleurs, le CPF nécessite la construction d’un projet qualifiant de formation, tout comme le CIF, et donc de passer devant un conseiller formation, puis une commission : les travailleurs souhaitant simplement mettre à jour leurs connaissances ou peu assurés de leur projet pourront passer leur chemin. Enfin, il abandonne le principe d’un dialogue social instauré par le DIF entre l’employeur et son salarié, au profit d’un processus administratif d’allocations de moyens. Bilan : il nécessitera de longues années de rodage, et l’Igas parle avec euphémisme d’un partenariat “complexe” concernant sa mise en œuvre.

Auteur

  • L. G.