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Enquête

LES 35 HEURES ENTERRÉES EN DEUX TEMPS

Enquête | publié le : 14.01.2014 | PASCALE BRAUN

En 2007, puis en 2010, les syndicats de l’usine de pneus Continental de Sarreguemines ont demandé l’organisation d’un référendum pour permettre aux salariés de se prononcer sur une augmentation du temps de travail. Approuvée à deux reprises, la mesure a connu de multiples fluctuations.

Entre 2007 et 2013, la durée du travail à l’usine de pneumatiques Continental de Sarreguemines (57) aura fait l’objet de deux référendums et de trois modifications. Filiale du groupe allemand Continental AG, l’usine mosellane a opéré, fin 2007, un premier retour aux 40 heures pour répondre à de nouveaux impératifs de production. Les propositions initiales de la direction, qui visaient à imposer 40 heures de travail payées 35 heures, se sont heurtées à un mouvement de grève.

Représentatifs de 80 % des salariés du site – alors au nombre de 1 400 –, les syndicats CFTC, CFDT, CGT et FO ont pourtant dû composer avec les arguments de la direction, qui rappelait, non sans arrière-pensée, les investissements et les embauches réalisés sur le site au cours des cinq dernières années. Elle insistait également sur le précédent de Clairoix, l’autre usine française du groupe, qui avait accepté, mi-2007, le retour aux 40 heures moyennant des garanties sur l’emploi jusqu’en 2012. « L’augmentation du temps de travail paraissait inéluctable. Sur un sujet susceptible d’engager l’avenir du site, le référendum nous a paru constituer une garantie de démocratie directe. Nous n’avons engagé les négociations qu’après avoir obtenu l’assurance que les salariés pourraient se prononcer », explique Christian Eyen, secrétaire général de la CFTC, secrétaire du comité central d’entreprise et secrétaire adjoint du comité d’entreprise de Continental France. Les syndicats n’ont pas donné de consigne de vote, tandis que la direction ne ménageait pas ses efforts pour obtenir gain de cause.

Adopté fin 2007 par 75 % des votants, le passage aux 40 heures, assorti d’embauches, d’augmentations de salaire et de l’ouverture d’une négociation sur la pénibilité, n’a pourtant duré qu’un an. En 2008, l’usine est revenue aux 35 heures dans un climat tendu. Annoncé en mars 2009, le projet de fermeture de l’usine de Clairoix s’est traduit par un report d’une partie de l’activité picarde sur le site mosellan. Continental Sarreguemines a ainsi annoncé un investissement de 100 millions d’euros (chiffre dépassé de moitié au cours des quatre années suivantes, tandis que l’effectif montait à 1 800 salariés) et proposé aux salariés le projet Cap 2014 visant à augmenter à la fois la production, les effectifs et la durée du travail. Les syndicats ont une nouvelle fois sollicité un référendum, remporté à 60 % des voix, avant d’engager la négociation.

« Nous avons été le seul syndicat à refuser la signature de Cap 2014. La nouvelle organisation du travail, qui instaurait pour les nouveaux arrivants des conditions de travail différentes, ne nous paraissait ni viable, ni honnête », relate Denis Bienvenu, délégué FO et secrétaire du CE. Créée en 2006, la section syndicale, qui n’avait pas eu voix au chapitre au cours des négociations de 2007, est arrivée en tête aux élections de 2010 – position qu’elle a perdue en 2013.

Cap 2014

Accord de compétitivité avant la lettre, Cap 2014 a été partiellement remis en cause par la direction, qui est revenue en 2012 à l’organisation du travail antérieure en conservant le principe des 121 heures supplémentaires par an. Dans cette nouvelle configuration, l’accord paraît pérenne. La direction, qui avait largement communiqué en 2007, ne commente plus les résultats obtenus avec Cap 2014. Les syndicats signataires se disent fiers des avancées conquises, notamment en matière salariale. Les deux référendums ont ainsi entériné – et pour partie légitimé – la fin des 35 heures.

CONTINENTAL

• Activité : sécurité automobile et fabrication de pneus.

• Effectif : 169 300 salariés.

• Chiffre d’affaires : 32,7 milliards d’euros en 2012.

Auteur

  • PASCALE BRAUN