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Enquête

LE RÉFÉRENDUM CONFORTE LE SYNDICAT MAJORITAIRE

Enquête | publié le : 14.01.2014 | HUBERT HEULOT

La CFDT ne voulait pas signer seule l’accord de compétitivité. Un référendum l’a fait passer, ce qui a permis de relancer l’investissement, mais au prix de relations durcies entre syndicats.

Une presse destinée à produire davantage de glissières de sièges a été rapatriée de Pologne à la mi-décembre. Première conséquence industrielle de l’accord de compétitivité entériné par référendum en juin dernier à Caligny, près de Flers dans l’Orne, sur le site de l’équipementier automobile Faurecia, qui compte 1360 salariés. Non sans conséquences sur le climat dans l’entreprise. Ouvriers et cadres ont perdu trois jours de RTT. Les salaires sont bloqués jusqu’en 2015. En contrepartie, de nouveaux investissements arrivent : 12 millions d’euros cette année, 20 millions d’euros prévus d’ici à 2017. « Nous voulons pérenniser l’emploi », insiste Thierry Blanc, de la CFDT (51 % des voix aux dernières élections professionnelles).

En juin dernier, la CFDT a défendu l’accord, mais a précisé qu’elle ne signerait pas seule. Une façon de reprocher aux autres organisations syndicales de ne pas prendre de risques. Car FO (22 %) et la CGT (17 %) sont hostiles à l’accord. « Il existe d’autres leviers que les acquis sociaux, mais la direction fait la sourde oreille », explique Yannick Sagean, délégué syndical FO, dans les colonnes du quotidien régional Ouest-France.

Les deux syndicats demandent alors un référendum. « Nous n’étions pas pour, rappelle Thierry Blanc. Nous sommes grands. S’il faut revenir devant les salariés à chaque décision, autant supprimer les élections. » Les prochaines auront lieu mi-2014.

Les 28 et 29 juin 2013, rien n’est écrit. D’autant que la direction de Faurecia refuse que les dirigeants participent à l’effort en rognant sur leurs bonus ou leurs voitures de fonction. Le référendum approuve néanmoins l’accord de compétitivité par 64 % des voix. Un symbole pour l’ensemble du groupe, puisque c’est la première fois qu’un accord vise explicitement le coût du travail.

Les relations se dégradent alors entre les syndicats. « D’avril, quand on a commencé à négocier, jusqu’en juillet, la période a été très dure pour nous, raconte Thierry Blanc. Dans une telle situation, l’équipe syndicale a besoin d’être soudée. Or chacun n’est pas naturellement armé pour aller combattre, défendre la position du syndicat devant les salariés. Notamment quand on ne participe pas directement aux négociations. Par la suite, malgré le référendum, la mise en œuvre de l’accord a été compliquée pour nos militants. Certains parmi nous se sont fait quasiment taper dessus. Heureusement, il y a eu les vacances en août pour apaiser les esprits. » Thierry Blanc se rassure aujourd’hui avec l’arrivée de la première presse de Pologne. « Les gens étaient craintifs, ils se rendent compte que l’accord n’était pas sans fondement. » Le texte prévoit que trois productions reviennent de Pologne, et une autre de Chine. Il devait en outre porter la marge opérationnelle à 5 %, faire économiser 3,4 millions d’euros et permettre 1,5 million d’euros de crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Sur ces perspectives financières comme sur le climat social, la direction de Faurecia a refusé de répondre à nos questions.

FAURECIA

• Activité : équipementier automobile.

• Effectif : 94 000 salariés.

• Implantations : 320 sites dans 34 pays.

• Chiffre d’affaires monde : 17,364 milliards d’euros en 2012.

Auteur

  • HUBERT HEULOT