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Enquête

DES RÉSULTATS CONTESTABLES

Enquête | publié le : 14.01.2014 | E. F.

Les salariés de Caterpillar ont été consultés trois fois entre 2009 et 2011 sur deux questions différentes. La CGT se plie au verdict des urnes mais conteste les modalités du vote.

En mai 2009, les salariés de Caterpillar, qui employait alors 2 700 personnes en France, sont appelés, à la demande de la CGT, à se prononcer sur un accord relatif au temps de travail qui leur fait perdre certains avantages. La situation est particulière car la direction a présenté, au mois de janvier précédent, un plan social supprimant 600 emplois – chiffre ensuite porté à 733. Elle l’est d’autant plus qu’à la suite de cette annonce, quatre dirigeants ont été séquestrés quelques heures avant d’être libérés.

La direction a ensuite fait de la validation de l’accord sur le temps de travail une condition pour maintenir 133 emplois sur les 733. Le 6 mai, à une courte majorité (50,25 %), les salariés votent finalement contre l’accord RTT ; la direction poursuit donc la suppression de 733 emplois.

Chantage à l’emploi

En septembre, alors que de nombreux salariés ont déjà été licenciés, l’accord est de nouveau soumis au vote, y compris des licenciés en cellule de reclassement. À la clé, il y a toujours le sauvetage de 133 postes. Cette fois, 64 % votent pour l’accord. « 53 % si on ne tient pas compte des licenciés qui ont quand même voté, alors qu’ils n’étaient pas concernés par les mesures de flexibilité », rappelle Alexis Mazza, délégué CGT. Selon lui, « les salariés ont accepté le texte proposé par la direction parce que celle-ci a fait un chantage à l’emploi ». « Aujourd’hui, les employeurs se sentent forts car les ouvriers ont peur de perdre leur travail, mais nous ne sommes pas dupes, nous nous souvenons de ce qui est arrivé aux Conti », déclare-t-il.

Il relève cependant que le rapport de force qui s’est créé à l’époque, auquel la séquestration a contribué, n’a pas été inutile : « La direction s’en souvient encore. Depuis, il n’y a plus eu de licenciements secs ni à Caterpillar ni dans le secteur. » Contactée, la direction n’a pas souhaité s’exprimer.

Une autre consultation a eu lieu en 2011 sur un accord salarial. Là encore, les salariés acceptent à 60 % – 80 % selon la CGT – la proposition de la direction contre l’avis de la CGT qui finit par signer. « La CGT a ses positions mais elle se cale sur celle des salariés : nous sommes leur outil », rappelle Alexis Mazza.

CATERPILLAR

• Activité : fabrication d’engins de chantier.

• Effectif : 125 000 salariés.

• Chiffre d’affaires : 65,8 milliards de dollars en 2012.

Auteur

  • E. F.