La santé serait-elle devenue un marché comme un autre ? L’explosion des dépenses de santé liées au vieillissement de la population et à la technicisation de la médecine oblige à poser la question de son coût. Et les théories du nouveau management public comme la concurrence du secteur privé conduisent à mettre sur le devant de la scène celle de la rentabilité de sa gestion.

Ce débat porteur d’enjeux de société forts sur l’égalité de tous les citoyens face aux soins et sur la cohésion sociale ne doit pas faire oublier que les économies se font souvent sur le dos des personnels de santé, sommés d’en faire toujours davantage en termes de production et de qualité de service avec des effectifs revus à la baisse. Ces évolutions posent la question de la soutenabilité pour les professionnels des augmentations de productivité qu’on leur impose. À partir du constat que la question du travail et de l’emploi est souvent oubliée par les pouvoirs publics qui édictent les réformes, l’objectif de cet ouvrage, écrit par deux sociologues du Centre d’études de l’emploi (CEE), est de mettre en exergue ce rapport entre les réformes liées au financement et à la gouvernance de l’hôpital et les conséquences que cela implique pour les salariés. Les auteurs ont voulu souligner le lien entre la détérioration des conditions de travail et l’augmentation des accidents et risques psychosociaux retentissant à leur tour par un effet de rétroaction sur les conditions de travail elles-mêmes. Un véritable cercle vicieux !

L’Hôpital en mouvement

Mihaï Dinu Gheorghiu et Frédéric Moatty, éditions Liaisons, 304 pages, 32 euros.