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L’USINE SERGE FERRARI CONDUIT 76 SALARIÉS À UNE CERTIFICATION

Pratiques | publié le : 07.01.2014 | LAURENT POILLOT

L’industriel textile isérois mène un programme de formation pour près d’un tiers de ses ouvriers à La Tour-du-Pin. Il s’agissait de leur éviter le chômage partiel… Entre-temps, l’activité est repartie à la hausse.

Le 9 décembre, à La Tour-du-Pin (Isère), une petite réception a été organisée à l’usine Serge Ferrari (entreprise de 650 salariés), spécialisée dans la fabrication de textiles techniques, pour célébrer la première étape d’un programme de certification de grande ampleur : 31 ouvriers viennent d’être évalués et ont tous réussi leur épreuve de positionnement au Certificat de qualification professionnelle de l’industrie (CQPI) de conducteur d’équipement industriel (niveau V). D’ici au printemps 2014, 45 autres ouvriers doivent être emmenés au CQPI par sept formateurs internes.

Ouvriers confirmés

En ce début décembre, même les financeurs sont de la fête : l’État (qui, via la Direccte, mobilise 90 000 euros au titre du fonds national de l’emploi) et Opcalia textile mode cuir (qui actionne les fonds mutualisés de la professionnalisation, à hauteur de 137 000 euros). À eux deux, ils prennent en charge 88 % du budget prévisionnel qui couvre les salaires des stagiaires et des formateurs, ainsi que le coût des examens (600 euros par personne), le reste étant à la charge de l’entreprise.

La plupart des salariés engagés dans l’aventure sont des ouvriers confirmés, mais sans bagage industriel : « Certains ont un CAP de boulanger », illustre Nadine Sauvebelle, la jeune responsable de formation qui a hérité du projet. La Direccte locale a considéré d’un bon œil cette initiative d’une entreprise familiale à fort potentiel. « Nous encourageons de tels dossiers, mais nous en recevons peu, souligne Yves Frigo, attaché principal à la Direccte de l’Isère. Il faut que l’entreprise ait une vraie politique de ressources humaines pour savoir s’adapter dans les périodes de creux. »

Car c’est précisément à une période de creux que les salariés doivent cette démarche. Au début de l’année 2012, l’entreprise anticipe une forte baisse d’activité. Le chômage partiel est envisagé pour 76 salariés des ateliers de tissage et d’enduction, soit un tiers des productifs du site. L’option d’une montée en compétences de grande ampleur est alors retenue.

Première étape : former sept personnes (six chefs d’équipe et un responsable qualité) pour organiser les formations sur place et durant le temps de travail, même de nuit. L’organisme de formation de branche Cepitra réalise la formation de ces formateurs, et les tests d’évaluation pour les CQPI. Cette action n’est pas impu­tée sur le budget évoqué ci-dessus, mais sur le plan de formation. « Nous savions combien de personnes seraient à former et sur quels objectifs pédagogiques », témoigne l’un des formateurs internes, Olivier Gaget, chef d’équipe dans l’atelier de tissage.

Découvertes des métiers

Deuxième étape : le parcours de 70 heures de formation pour chacun des 76 salariés, combinant découverte des métiers et de leur organisation, apprentissage de modules techniques en maintenance, sécurité, logistique… « Nous leur avons montré comment les autres conduisaient leur atelier, en amont ou en aval de leur propre métier, précise Olivier Gaget. J’ai moi-même formé onze personnes de l’atelier d’enduction. La plupart n’avaient jamais vu de machine à tisser. »

Et soudain, changement de programme ! L’activité repart plus tôt que prévu en 2012. Il faut retarder les formations et organiser les renforts durant les pics d’activité (salariés polyvalents, intérimaires). Chaque formateur ne doit suivre qu’un salarié apprenant à la fois, pour garder un œil sur la production.

Une quarantaine de salariés reste donc à former et tester au CQPI d’ici au printemps prochain. Mais les effets sont déjà notables : « Les gens se disent bonjour au parking, même s’ils ne sont pas du même atelier. Ils s’inquiètent aussi des conséquences de leur travail sur l’atelier du voisin qui réceptionne leur production. C’est nouveau », note un formateur. Et la responsable de formation envisagerait bien une extension du programme à l’atelier des polymères et parmi les salariés de la logistique, qui utilisent des équipements industriels.

Auteur

  • LAURENT POILLOT