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Enquête

UN DÉBUT DE SÉCURISATION

Enquête | publié le : 07.01.2014 | E. S.

Les entreprises de travail temporaire se préparent à recruter leurs premiers intérimaires en CDI. Celui-ci devrait profiter en priorité aux profils les plus recherchés.

Vingt mille : c’est le nombre d’intérimaires qui auront signé un CDI dans trois ans si les engagements pris par les entreprises de travail temporaire dans l’accord de branche signé le 10 juillet dernier avec trois syndicats (CFTC, CFDT, CFE-CGC) sont remplis. Lequel prévoit également une rémunération minimale des périodes d’intermission et le principe du double volontariat (agence et intérimaire) pour conclure un CDI.

Avant même que l’accord soit étendu – la procédure était en cours fin décembre –, les professionnels de l’intérim ont commencé à s’y préparer. « Dans les grands bassins d’emploi, nous avons constitué des équipes de consultants et de responsables RH pour identifier les compétences particulièrement recherchées par nos clients, détaille Mickaël Hoffmann-Hervé, directeur général délégué en charge des ressources humaines chez Randstad. C’est sur cette base que nous proposerons un CDI à nos intérimaires. » L’entreprise prévoit de conclure 3 000 CDI intérimaire en trois ans sur un effectif de 83 000 intérimaires et 4 000 permanents.

Objectif identique avancé par Adecco (130 000 intérimaires). Mais, au-delà des profils “pénuriques”, le groupe envisage de proposer ce contrat à d’autres types d’intérimaires. « Nous porterons une attention particulière aux publics fragiles, les jeunes, les seniors et les personnes en situation de handicap, promet Martin Vitkine, chef de projet pour la mise en place du CDI intérimaire. Et nous le proposerons en priorité à ceux qui travaillent avec nous de manière significative, mais pas autant qu’ils le souhaiteraient. Pour eux, ce sera une vraie avancée en termes de sécurisation. »

Une réponse opérationnelle au principal reproche fait au CDI intérimaire : « Il ne concernera pas les intérimaires les plus précaires, car il sera prioritairement proposé aux travailleurs qui apportent une plus-value aux agences, lesquelles ont besoin de s’attacher durablement une main-d’œuvre recherchée sur le marché du travail, regrette Rachid Belkacem, enseignant chercheur en économie à l’université de Lorraine. Il aurait fallu le généraliser à tous les intérimaires en fonction de l’ancienneté, comme aux Pays-Bas où, en trois ans, celui qui travaille régulièrement finit par accéder au CDI et gagne progressivement un certain nombre de droits. »

Dès lors, quel intérêt ces intérimaires si courtisés, qui travaillent souvent à temps plein, auront-ils à signer un CDI ? En Italie, ce statut n’a pas véritablement séduit (lire p. 25).

Investir dans la formation

En France, conclure un CDI leur fera perdre leur indemnité de fin de mission de 10 %. Mais Mickaël Hoffmann-Hervé reste confiant : « Certains préféreront garder leur indépendance et leur indemnité de fin de mission. Mais d’autres verront la possibilité de s’inscrire dans un parcours professionnel de long terme chez Randstad où ils pourront également développer leur carrière et leurs compétences. Nous pourrons mieux investir dans la formation, en fonction des parcours et pas seulement des besoins des clients. »

Agnès Cros, présidente du SNTT CFTC, reconnaît que ce statut ne va pas forcément « déprécariser l’emploi des intérimaires qui seront concernés par le CDI. Mais il leur apportera un statut davantage sécurisant pour obtenir plus facilement un crédit ou un logement ». Elle déplore aussi la faiblesse des engagements chiffrés : « 20 000 CDI en trois ans, c’est moins de 5 % des effectifs. Mais on espère qu’il y en aura plus ». Un premier bilan de l’accord devra être effectué un an après son entrée en vigueur.

Auteur

  • E. S.