logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

DES EFFETS LIMITÉS SUR LES PRATIQUES DE RECRUTEMENT

Enquête | publié le : 07.01.2014 | E. S.

Proposer des CDI aux jeunes plutôt que des contrats temporaires : telle est l’une des ambitions du contrat de génération. Sur le terrain, cette incitation semble avoir un écho limité. Néanmoins, quelques accords abordent la question de la transformation des contrats temporaires en emplois pérennes.

En octobre dernier, Kevin, maçon de 21 ans, a signé son premier CDI avec Couserans construction, une Scop ariégeoise de 67 salariés, dans le cadre du contrat de génération. « Cela a été un déclic, explique Anouck Pauchard, la responsable RH. Le contrat de génération lève une sorte de frein pour recruter en CDI. Autrement, étant donné la conjoncture, nous lui aurions proposé un contrat de professionnalisation, ou un CDD. » Le contrat de génération, créateur d’emploi durable ? Sans doute, mais dans une certaine mesure seulement. L’autre contrat de génération signé en juillet par la PME, pour l’embauche d’un charpentier de 19 ans, a davantage été un effet d’aubaine. Son CDI a fait suite à une période de stage, un contrat d’apprentissage et un contrat de professionnalisation. « Après ce parcours, nous lui aurions de toute façon proposé un CDI », explique la RRH.

Transformation des contrats courts

Et quid des accords, signés dans les grandes entreprises ? La plupart des DRH estiment qu’ils ne vont pas fondamentalement modifier leurs pratiques de recrutement quant à la nature du contrat proposé. « Notre accord permet de maintenir le niveau des recrutements pour les trois prochaines années et d’en préciser la typologie », résume Damien Coirier, directeur du développement du potentiel humain de DCNS. Mais les négociations ont souvent été l’occasion de mettre sur la table la question de la transformation des contrats courts en contrats pérennes. La plupart du temps, il s’agit des contrats d’alternance. Casino par exemple, s’est engagé à recruter en CDI au moins 50 % des alternants. Un « objectif ambitieux », salue Frédéric Bonnard, délégué CGT et signataire de l’accord, qui aurait toutefois préféré y adjoindre un objectif de transformation des CDD en CDI.

15 % à 20 % de précarité à Sanofi

Une demande également relayée, en vain, par toutes les organisations syndicales de Sanofi. « Il y a en permanence 15 % à 20 % de précarité en moyenne dans le groupe, dénonce Thierry Bodin, coordonnateur CGT. La direction n’a pas voulu s’engager sur une résorption de la précarité par des embauches en CDI en arguant qu’elle avait besoin de postes pour le reclassement des salariés touchés par la restructuration. Mais les postes précaires, souvent en production, ne correspondent pas aux postes supprimés. ».

Au final aucun syndicat n’a signé l’accord, à cause, aussi, des engagements de recrutements jugés unanimement insuffisants. Et si, sur son site de Val de Rueil, Sanofi a annoncé aux syndicats « l’embauche en CDI de 50 à 70 salariés précaires d’ici à février », indique le délégué CGT, Franck Berthelin, c’est plutôt la conséquence du dépôt, depuis octobre, d’une trentaine de dossiers aux prud’hommes. À DCNS, l’accord prévoit que les « personnels en fin de contrat temporaire […] seront systématiquement évalués sur leurs aptitudes professionnelles et comportementales afin d’alimenter le vivier de recrutements en CDI ». L’industriel a recruté, en 2013, 100 CDD et 700 intérimaires : « Notre objectif est de mettre ces évaluations à disposition des recruteurs du groupe, pour mieux partager l’information et pouvoir proposer plus facilement des CDI à des personnes qui ont acquis chez nous certaines compétences », explique Damien Coirier.

Accès à l’emploi stable

Dans le groupe Korian (cliniques et maisons de retraite), l’accord prévoit aussi de proposer les CDI en priorité aux CDD. « Nous allons essayer de mieux fidéliser notre personnel en CDD et communiquer auprès de nos directeurs d’établissements pour qu’ils proposent plus systématiquement des postes pérennes aux anciens CDD, même s’ils ne sont plus dans l’entreprise à l’instant T, précise Adnan Boulard, responsable des relations sociales. Le contrat de génération a été l’occasion de travailler pour la première fois sur ce sujet. » C’est aussi ce qui satisfait le délégué CGT de DCNS, Stéphane Créach : « Avec l’accord, nous avons réussi à inscrire le principe selon lequel les salariés précaires doivent pouvoir accéder à l’emploi stable. »

Auteur

  • E. S.