Il a beaucoup été question, à propos des printemps arabes notamment, de l’importance des réseaux sociaux dans la mobilisation politique et sociale et dans les nouvelles formes de contestation du pouvoir. Sans nier l’importance de ce militantisme en réseau, qui semble partir de la société civile plutôt que d’organisations politiques ou sociales, les auteurs remettent en cause des clichés relatifs aux nouvelles formes de contestation.
Il est d’autant moins vrai de prétendre que l’usage d’Internet dans la contestation a transformé celle-ci en vague de fond virtuelle susceptible de déferler sur le pouvoir réel, que ces proliférations du virtuel se sont faites en parallèle de mouvements bien réels : occupations massives de lieux symboliques du pouvoir (place Tahrir, Occupy Wall Street à New York, etc.). Par ailleurs, ces nouveaux médias n’ont pas remplacé les médias traditionnels, mais se sont articulés avec eux.
Enfin, loin de se situer dans la logique globalisante du Web, les médias sociaux ont surtout servi à mobiliser les gens localement. Cela ne veut pas dire remettre en cause l’impact des nouvelles formes de technologies dans la contestation de la société contemporaine, mais incite à réfléchir plus précisément sur l’articulation et la fertilisation réciproques entre la vie quotidienne (dont Internet fait désormais partie) et le politique, car c’est sans doute entre les réseaux et la convivialité des espaces militants qu’émergent les mouvements sociaux d’aujourd’hui.
Militantisme en réseau
Réseaux, vol . 31, La Découverte, 230 pages, 25 euros.
