Plus je suis accroché à ma façon de penser, plus je vais être gêné par ceux qui ne sont pas de mon avis. Ils vont m’agacer, je vais facilement les critiquer. En fait, mes échanges avec autrui sont limités à la largeur de ma perspective. Beaucoup de conflits en entreprise pourraient être évités par un entraînement de chacun à élargir son angle de vue.

Percevoir plus large. Si l’on prend la métaphore du champ de vision, ai-je devant moi un angle de 30°, étroit et focalisé, ou de 90°, davantage capable d’intégrer des éléments latéraux, ou de 180°, carrément plus ouvert ? De toute façon, personne ne voit à 360°, il faut pivoter sur soi-même pour voir ce qui est derrière soi par exemple. On a tous un angle mort, mais faisons en sorte qu’il soit le plus petit possible. Pour y parvenir, la règle d’or est de placer la curiosité avant l’expression de ses propres opinions. Écouter des points de vue différents du sien afin d’enrichir sa compréhension de la réalité. « Racontez-moi votre point de vue »…« Pourquoi dites-vous cela ? Ça m’intéresse »… La curiosité est la porte d’entrée de l’intelligence, c’est elle qui permet d’intégrer l’étrange, le non-familier, la différence.

Ouvrir son cercle. Si je vois toujours les mêmes personnes, mon univers va être culturellement imprégné des façons de penser de ce groupe. La clé pour développer un esprit plus large, plus souple aussi, est de sortir de son microcosme habituel. Aller à la rencontre d’autres personnes, d’autres tranches d’âge, d’autres types d’éducation, d’autres expériences de vie. Et s’ouvrir, échanger. Suis-je à l’aise avec des milieux sociaux très différents, des personnes qui ont d’autres goûts, écoutent d’autres musiques, lisent d’autres magazines (ou ne lisent pas du tout) ?

On n’a pas besoin d’aller loin pour voyager… L’interlocuteur qui va me décaler hors de ma zone de confort et me faire grandir est souvent au coin de la rue, à condition bien sûr que j’échange avec lui avec bienveillance. Car, sans cette qualité, point d’ouverture ni de progrès personnel.

Expérimenter. Que sait-on vraiment de ce que l’on n’a pas vécu ? Certaines personnes croient connaître une situation parce qu’elles en ont entendu parler ou qu’elles ont lu quelque chose sur Internet. Or, pour connaître, il faut s’immerger, vivre la situation. Je peux croire tout savoir sur la conduite de réunion ; tant que je ne l’ai pas pratiquée et repratiquée, je ne sais rien. Avoir lu des articles sur les nouvelles entreprises du web ne remplace pas le vécu d’une demi-journée dans leur réalité, dans leurs locaux. Pourquoi les initiatives « vis ma vie », avec immersion pendant une journée (ou une semaine !) à un poste différent du sien ont-elles tant de succès en entreprise ? Parce qu’elles permettent une expérience, et donc un apprentissage accéléré, qui passe par l’émotion et touche l’ensemble de la personne. Prendre une journée les appels de réclamations clients, aller vendre les produits de l’entreprise quelques jours dans une agence, faire une tournée avec un vendeur… Les idées abondent pour s’ouvrir l’esprit.

Pourquoi élargir sa perspective ? Tout simplement pour mieux vivre ensemble. Plus son angle de vue personnel est large, mieux on peut intégrer les autres. On comprend mieux leur dynamique, ce qui ne veut pas dire qu’on apprécie ou approuve tous leurs comportements. La grandeur d’une personne se mesure à la largeur de sa perspective.