Comme une Pangée moderne, le monde du travail s’est progressivement séparé en deux continents : celui des insiders, bénéficiaires d’emplois stables, et celui des titulaires de contrats précaires – CDD, intérim notamment – qui gravitent autour des entreprises en multipliant les engagements et les missions. En une trentaine d’années, la part des formes particulières d’emploi, selon la formulation de l’Insee, qui y ajoute les contrats aidés et l’apprentissage, est passée de 5 % à 12 % de l’emploi, en se généralisant chez les jeunes. Dans une économie atone, la tendance se confirme : plus de 8 embauches sur 10 sont aujourd’hui réalisées en CDD et 8 CDD sur 10 sont conclus pour une durée inférieure à un mois. Et les effets de dispositifs favorisant la stabilité, comme les contrats de génération ou la surcotisation chômage sur les CDD courts, risquent de rester marginaux.

La politique de l’offre en matière d’emploi à laquelle s’est rallié François Hollande peut-elle aussi inverser la courbe de l’emploi précaire ? Après le maintien des allègements de charges sur les bas salaires et le crédit d’impôt compétitivité-emploi, il envisage dans un “pacte” avec les entreprises, d’abaisser les charges sociales pour favoriser la création d’emplois dans le secteur marchand. Une part de la réponse réside dans la nature des contreparties qui seront demandées aux entreprises en matière d’emploi. Et il n’est pas sûr que le gouvernement puisse se montrer difficile.